Avec notre correspondant à Tunis.
Officiellement aucune coalition n'est en vue. Les islamistes de Rached Ghannouchi et le parti de centre gauche de l'opposant historique Moncef Marzouki réfutent toute alliance électorale. Ennahda et le Congrès pour la République (CPR) préfèrent le terme d'entente pragmatique. « Car notre grille de lecture, explique le CPR, n'est pas laïque ou islamique mais révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. »
Ce front politique rassemble aussi des nationalistes arabes, avec un ennemi commun : le gouvernement de transition accusé de renouer avec les pratiques sécuritaires du passé. Pour éviter tout retour en arrière, ces partis vont donc établir une plateforme d'idées destinée, selon eux, à sauvegarder la révolution et empêcher les autorités provisoires de céder à la tentation de la répression jusqu'aux élections du 23 octobre.
Participation à un futur gouvernement ?
Car le rapprochement entre le centre gauche et les islamistes tunisiens s'est opéré à la faveur des récentes manifestations violemment réprimées par la police dans plusieurs villes du pays. Après les accusations du Premier ministre, soupçonnant sans les nommer les islamistes d'avoir favorisé ces violences, les deux partis ont cosigné avec quatre autres une déclaration appelant les autorités à respecter le droit à manifester.
Mais pour leurs adversaires, ce flirt avec les islamistes montre avant tout la faiblesse du CPR qui chercherait à s'assurer une participation à un prochain gouvernement en cas de victoire du parti religieux aux élections. Quoi qu'il en soit, ces liens pourraient encore s'élargir jusqu'à des formations d'extrême gauche, avec lesquelles Ennahda dit avoir entamé des discussions.