Barack Obama ne trouve plus grâce aux yeux de l’opinion arabe

Alors que l’élection présidentielle de novembre 2008 avait suscité quelques espoirs dans le monde arabe, une récente étude, publiée par l’Arab American Institute, montre que l’image des Etats-Unis, avec celle de son président, s’est nettement dégradée en trois ans. Et la mort de ben Laden, au mois de mai dernier, ne l'a que terni un peu plus.

Réalisé sur la base d’un échantillon de plus de 4 000 personnes, et couvrant six pays - l’Egypte, le Liban, le Maroc, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis -, le sondage commandé par l’Arab American Institute, et publié à la mi-juillet outre-Atlantique, atteste que la « réconciliation » entre Washington et le monde arabe n’a pas eu lieu. Ainsi, par exemple, les Etats-Unis ne sont jugés favorablement que par 12% des Marocains, et 30% des Saoudiens, population qui leur est ici la plus acquise. Deux ans plus tôt, après l'investiture de Barack Obama, ces chiffres étaient respectivement de 55% et 41%.

Pis, au Maroc, en Egypte, en Jordanie et dans les Emirats Arabes Unis, la fin de mandat de George W. Bush recueille de meilleurs suffrages que l'action de l’actuel résident de la Maison Blanche cette année.

Le discours du Caire du 4 juin 2009, plein de promesses, est désormais loin. Pour les trois quarts des personnes interrogées, les attentes nées de cette déclaration censée marquer le point de départ d’une nouvelle relation entre l’administration américaine et les pays arabo-musulmans, n’ont pas été satisfaites.

L’action américaine plombée par la question palestinienne

A quoi doit-on cette brutale chute de popularité ? Au devant des facteurs qui expliquent ce mécontentement trône, selon le sondage, la question palestinienne, à laquelle l’administration en place n’aurait pas apporté de réponse. Une idée très ancrée chez les Libanais et les Jordaniens, politiquement et géographiquement marqués par cette problématique.

Ni les initiatives américaines pour contrer l’avancée du programme nucléaire iranien, ni l’engagement de la Maison Blanche en faveur du monde musulman n’ont apaisé l’opinion arabe. Seul le « no fly zone » imposé à la Libye recueille les faveurs des Saoudiens : ils sont plus des trois quarts à estimer que cette mesure a bonifié la perception des Etats-Unis.

Loin d’être considéré comme un faiseur de paix, Washington, par sa politique au Moyen-Orient et au Maghreb, est même perçu comme un facteur d’instabilité par une majorité de sondés. En cela, la mort de d’Oussam ben Laden, tué par un commando américain le 2 mai dernier, n’a rien arrangé : c’est par exemple ce que penseraient 62% des Egyptiens, dont les autorités s’étaient déjà abstenues de tout commentaire après l’annonce du décès du chef d’al-Qaïda.

La Turquie appréciée

A l’inverse, la Turquie sort confortée dans son rôle de puissance médiatrice qu'elle souhaite incontournable pour son voisinage. Ankara est ainsi particulièrement bien perçu du Liban et la politique du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, jouit d’une bonne côte auprès des Emiriens et des Saoudiens.

Loin derrière, la politique du président iranien Mahmoud Ahmadinejad reste néanmoins bien plus populaire que ne l'est celle du président américain... sauf chez le voisin saoudien.

Pour aller plus loin :

- Sondage Arab Attitudes 2011, de l'Arab American Institute

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