L'armée égyptienne lâche une nouvelle fois du lest pour apaiser la colère de la rue

L'armée égyptienne a promis qu'elle limiterait le recours aux tribunaux militaires pour juger les civils. Cette décision du Conseil suprême des forces armées, qui dirige l'Égypte depuis la chute du président Hosni Moubarak, vise à apaiser les manifestants de la place Tahrir au Caire. Revenus sur ce haut-lieu de la contestation depuis le 8 juillet 2011, les protestataires dénoncent la mainmise des militaires sur le pouvoir du gouvernement de transition.

Désormais, les tribunaux militaires ne jugeront plus que les affaires de viols, d'agressions de policiers et les attaques armées, selon le communiqué du Conseil suprême des forces armées, publié samedi 16 juillet. Mais pour les associations de défense des droits de l'homme, le pouvoir de l'armée en matière de justice est encore exorbitant.

Les militaires ont créé une case spéciale dans leur code de procédure pour les personnes qu'ils décrivent comme des voyous qui « utilisent la violence pour semer la terreur ».

Plus de 6 000 civils ont été jugés par ces tribunaux militaires depuis le 11 février 2011 : parmi eux, beaucoup de gens sans ressources, des inconnus, et aussi des manifestants, condamnés parfois jusqu'à 5 ans de prison, au terme de procès expéditifs.

Jusqu'à présent, les organisations de défense des droits de l'homme étaient pratiquement les seules à réclamer la suspension des juridictions militaires pour juger les civils. Mais depuis le 8 juillet, cette revendication est reprise par les protestataires de la place Tahrir qui réclament que tous ceux qui ont été jugés dans ces conditions puissent être rejugés devant des tribunaux de droit commun.

Selon l'organisation non gouvernementale, Human Rights Watch, le fait que les militaires annoncent samedi qu'ils allaient limiter le recours à ces tribunaux militaire est un premier pas positif. Il indique que le Conseil supérieur des forces armées commence à lâcher du lest face aux pressions de la rue.

Après la démission du ministre des Affaires étrangères, Mohammed al-Orabi, le Premier ministre Essam Charaf annoncera demain, lundi 18 juillet, la composition de sa nouvelle équipe. Les manifestants veulent que les autorités présentent un véritable plan de transition, qu'ils accélèrent les procès des hauts responsables du régime Moubarak. Pour la militante Malak Labib, du Mouvement pour la jeunesse progressiste, les mainfestants doivent continuer à maintenir la pression sur les autorités pour obtenir les réformes attendues.

Le 13 juillet, le ministre égyptien de l’Intérieur, Mansour Issaoui, a annoncé sa décision d’épurer la police de tous les éléments responsables de la violente répression de la révolution du 25 janvier. 587 généraux de police ont été mis à la retraite anticipée et des milliers de policiers ont été mutés.

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