Cent cinquante personnes environ avaient fait le déplacement dans la grande salle du ministère tchadien des Affaires étrangères. Les rangs étaient clairsemés. Maître Jacqueline Moudeina, l’avocate des victimes du régime d’Hissène Habré, attendait plus de monde. Mais selon elle, certains responsables religieux ont découragé les fidèles car évoquer Hissène Habré fait encore peur au Tchad. L’ancien président a encore des partisans et certains craignaient des représailles.
Un pasteur, un imam et un prêtre ont appelé, tour à tour, à la persévérance, à la réconciliation et à l’espoir. L’image de la lutte de David contre Goliath, celle du petit contre le fort, a notamment été évoquée. Le tout entrecoupé de chants et de musiques avec un orchestre, une chorale, et des femmes qui dansaient. Ce fut donc un moment de partage mais aussi l’occasion pour les victimes, directes ou indirectes, de témoigner des souffrances endurées entre 1982 et 1990 sous Hissène Habré. Des victimes comme François, par exemple, qui a été arrêté en 1988 puis torturé et qui ne peut plus se tenir debout ni marcher sans aide après les mauvais traitements subis dans les centres de détention du régime. Un autre raconte : « On dormait dans une cellule de 2 mètres sur 1,5 dans laquelle on était six ou sept. Pour dormir, nous nous rangions comme des sardines dans une boîte ».
Les autorités, elles, n’étaient pas représentées. Le ministre des Droits de l’homme avait pourtant prévu de dépêcher un représentant. Les victimes demandent donc au gouvernement de s’impliquer plus activement pour les aider à obtenir justice et réparation.