JO d’hiver 2018 : trois villes en compétition à Durban

Le Comité international olympique est réuni depuis lundi à Durban en Afrique du Sud. C’est là qu’il doit désigner l’hôte des Jeux olympiques d’hiver de 2018. Trois villes sont candidates : Pyeongchang (Corée du Sud), Munich (Allemagne), présentées comme favorites, et Annecy la française, outsider de cette compétition.

De notre envoyée spéciale à Durban

Ils sont peu nombreux à miser sur Annecy. La candidature française a connu bien des avanies. Après la démission de son directeur, le champion olympique Edgar Grospiron, à la fin de l’année dernière, il a fallu trouver un nouveau patron, Charles Beigbeder, un homme d’affaires proche du pouvoir en France. Parmi les problèmes rencontrés par Annecy, il y a le manque de moyens financiers. Il faut noter que le budget des français est très inférieur au budget de Munich et plus encore à celui de Peyongchang. Il y a un certain amateurisme aussi : Chantal Jouanno, la ministre des Sports, dénonçait hier encore les candidatures françaises décidées sur un coin de table : « Une candidature aux Jeux olympiques, ça ne s’improvise pas. »

Nicolas Sarkozy absent

Bref, la candidature française a du mal à exister. S’il ne fallait qu’un signe de cette difficulté à être, on pourrait noter l’absence du président français, Nicolas Sarkozy. Ses homologues sud-coréen et allemand ont fait le déplacement. Lui a envoyé son Premier ministre, François Fillon. Pourtant, malgré les difficultés, les doutes, Chantal Jouanno estime qu’Annecy a bien remonté la pente et pourrait créer la surprise. « Les Français peuvent retourner la tendance, dit-elle. Et c’est un avantage d’être outsider plutôt que d’être donné favori. »

Il est vrai que l’histoire de l’olympisme est marquée de surprises et que jusqu’au bout, il faut y croire et pratiquer un lobbying intense. Voilà comment Chantal Jouanno procède, elle qui hier encore a rencontré une quinzaine de personnes pour essayer de les convaincre. « Ce qui est important, explique-t-elle, c’est de connaître la personnalité de chaque membre du Comité international olympique qu’on va rencontrer, que ce soit un spécialiste du hockey ou du judo. Et montrer l’amour que l’on a du sport et des valeurs de l’olympisme. Et sortir de cette idée que c’est du business. Ce n’est pas du business. »

Munich et Pyeongchang au coude-à-coude

Aujourd’hui, après le lobbying, les membres du CIO vont voter. Vote électronique à bulletin secret. C’est la dernière étape d’un processus qui a commencé en juin de l’année dernière, quand les trois villes sont officiellement devenues candidates à l’organisation de ces JO d’hiver 2018. Elles avaient ensuite jusqu’au 11 janvier pour présenter leur dossier. La commission d’évaluation du CIO a visité toutes les villes candidates, elle a étudié les dossiers. Cela pour comparer les qualités techniques de chaque ville. Ensuite, dans l’alchimie olympique, il y a un aspect éminemment politique, géopolitique. Pas moins de 103 membres du CIO sur 110 vont pouvoir voter au premier tour. Si une ville obtient la majorité absolue, cela s’arrête là. Sinon, la ville avec le moins de voix est éliminée et on procède à un nouveau tour de scrutin, jusqu’à ce que l’une des villes obtienne la majorité.

Munich et Pyeongchang sont données au coude-à-coude, même si les deux villes ont présenté des projets assez différents. Munich d’abord, qui a su faire une très bonne campagne malgré un désavantage a priori : ce n’est pas une ville de montagne mais une ville proche de la montagne. La quasi-totalité des sites olympiques seront situés à une heure de la ville. Et pourtant la candidature allemande est considérée comme très solide. Ils ont fait passer l’idée que ces XIIIe Jeux d’hiver seraient des Jeux écologiques. Enfin, les Allemands ont prouvé ces dernières années leur capacité à organiser des événements sportifs majeurs comme le rappelle Richard Adjei, médaillé d’argent en bobsleigh en 2010 à Vancouver : « Championnats du monde, football, handball, n’importe quel sport. Nous savons que nous pouvons le faire. Et nous voulons montrer au monde notre savoir-faire, encore une fois. »

Développer les sports d'hiver

Les Sud-Coréens ont plusieurs arguments pour eux : d’abord géographique. L’Asie n’a organisé que deux fois les JO d’hiver, deux fois au Japon. Cela leur donne un avantage. D’autant que Peyongchang souligne que l’Asie est un marché jeune et à forte croissance, où les sports d’hiver pourraient être fortement développés. Ce n’est certainement pas une valeur olympique, mais c’est un argument auquel certains seront sans doute sensibles. Les Sud-Coréens veulent vraiment ces Jeux. C’est la troisième fois qu’ils sont candidats. Ils ont beaucoup retenu de leurs échecs passés. Leurs installations sont, paraît-il, très performantes. Et à l’image de Yuna Kim, la championne olympique de patinage artistique, les Sud-Coréens espèrent voir leur persévérance récompensée. « Peyongchang se prépare pour les Jeux olympiques d’hiver depuis presque dix ans, explique-t-elle. Nous avons notamment des installations très complètes pour les athlètes et nous sommes parfaitement prêts pour les Jeux d’hiver. »

Réponse du CIO ce mercredi après-midi. Son président, Jacques Roggue, ouvrira l’enveloppe et rendra public le nom de la ville-hôte des JO d’hiver 2018 à partir de 15 heures TU (17 heures à Paris).

Partager :