Avec notre correspondant à Tunis
La justice tunisienne ne s'est pas laissée influencer par le coup d'éclat de la défense. Après avoir délibéré quelques heures seulement, elle a jugé Ben Ali coupable de détention d'armes, d'œuvres archéologiques et de drogue. Une condamnation prononcée en son absence, mais aussi en l'absence de ses avocats tunisiens commis d'office qui ont décidé de boycotter l'audience.
Dès l'ouverture de ce second volet particulièrement houleux, la défense avait en effet demandé plus de temps à la fois pour mieux examiner le dossier mais aussi pour se rendre en Arabie Saoudite afin d'avoir des entretiens directs avec son client Ben Ali.
Aussitôt, le procureur s'est opposé à cette requête, estimant qu'en deux semaines les avocats avaient eu largement le temps de se préparer.
Pendant quelques secondes, le juge a consulté ses assesseurs puis a décidé de ne pas accorder de nouveau délai. Immédiatement, la défense n'a pas caché sa colère, préférant quitter la salle dans une grande confusion sous les quolibets de certains membres du public. Ces deux avocats ont expliqué refuser que leurs noms soient associés à ce qu'il qualifie de « lynchage », de « mascarade judiciaire ».
Mais ce boycottage du deuxième procès Ben Ali n'a donc pas empêché le tribunal de prononcer sa décision. Pour les trois chefs d'accusation, l'ancien président écope de plus de 50 millions d'amendes et quinze ans et demi de prison. Une peine qui s'ajoute à sa première condamnation du 20 juin dernier : 35 ans de prison et 45 millions d'euros d'amende.