L'ancien chef de l'Etat est poursuivi pour plus de 90 chefs d'inculpation. Et de nouvelles affaires s'ajoutent régulièrement à celles qui sont annoncées. Les plus importantes ont été transmises à la justice militaire. Ce qu'on sait c'est que Zine el-Abidine Ben Ali sera notamment jugé par un tribunal militaire pour conspiration contre l'Etat, torture et homicide volontaire, des accusations en lien avec la féroce répression qui s'est abattue sur les manifestants durant les quatre semaines de soulèvement populaire.
Une répression qui a fait près de 300 morts, mais dont l'ancien raïs nie déjà la responsabilité. « Je n'ai jamais donné l'ordre de tirer à balles réelles », s'est-il déjà défendu par la voix de son avocat. Il encourt la peine capitale.
Ce procès est attendu par toutes les familles de victimes mais elles n'auront pas le droit de se constituer partie civile devant la juridiction militaire. Reste à savoir si les avocats auront le droit de plaider. Cela n'a pas été le cas lundi en référence à l'article 141 du code de procédure pénale.
L’ancien bâtonnier qui défend des familles de victimes de la répression, Abdelfettah Benmoussa l'assure pourtant, c'est un droit de la défense même en l'absence de l'accusé sinon pourquoi commettre des avocats d'office ? s'interroge t-il. Sans l'accusé, et peut-être sans plaidoirie, les prochains procès risquent comme celui de lundi de décevoir un certain nombre de Tunisiens.
Pour sa part, Bochra Bel Haj Hamida, ancienne présidente de l'association des femmes démocrates, -une des associations de la société civile tunisienne qui compte- et avocate, juge que c'est un premier pas même si le procès ne répond à toutes les attentes.
Et pour Ben Ali, sa condamnation par contumace, à 35 ans de prison et à des amendes colossales pour détournement de fonds, est une liquidation politique, selon un communiqué transmis par son avocat français Jean-Yves Le Borgne.