Ce procès a déjà été critiqué pour son improvisation et pour cause, un procès dont l’ouverture a été annoncé il y a une semaine à peine avec 5 avocats tunisiens, commis d’office, en toute hâte, il y a seulement deux jours pour se charger d’une défense des époux Ben Ali dont personne ne voulait. Certains juristes craignaient un procès peu équitable, expéditif, qui laisse un peu les Tunisiens sur leur faim.
Pourtant, la critique n'a pas empêché ce procès de s’ouvrir dans une ambiance survoltée ce matin avec des dizaines d’avocats, de journalistes, et de curieux. Certains sont venus avec des pancartes de l’ancien président avec la mention Wanted (Recherché) comme dans les westerns, pour protester contre ce procès de Ben Ali, sans Ben Ali . Nombre de défenseurs des droits de l’homme auraient préféré que l’on juge d’abord les membres du clan, qui sont actuellement en détention en Tunisie, en attendant que l’Arabie Saoudite finisse par accepter d’extrader l’ancien homme fort du pays.
En ce moment, le président du tribunal est en train de rappeler les chefs d’accusation. Le juge explique notamment comment ces millions de devises étrangères ont été retrouvées en liquide dans deux palais présidentiels, comment des « trésors à valeur historique » ont été cachés dans la salle de bain personnelle des Ben Ali.
Le procès a débuté peu après ce 20 juin à 11h (heure de Paris), mais on n’est pas encore entré dans le vif des débats.
Zine el-Abidine Ben Ali risque des peines allant de 5 à 20 ans de prison pour ce premier procès dont les chefs d'accusation concernent la détention d'armes, de stupéfiants, accaparement de fonds et vols de biens.
Au total 93 affaires ont été instruites contre l'ex-président Ben Ali ces cinq derniers mois, mais une trentaine seront transmises à la justice militaire, notamment celles pour homicides et tortures, pour lesquelles il risque la peine capitale.
À la demande du nouveau gouvernement tunisien, des mandats d'arrêt ont été lancés par l'organisation de coopération policière internationale, Interpol, le 26 janvier dernier contre 6 membres de la famille Ben Ali.
Le président Ben Ali a fui le 14 janvier la Tunisie, sous la pression d'une révolte populaire sans précédent, et trouvé refuge en Arabie Saoudite. Son épouse, Leïla Trabelsi, honnie par la population pour avoir mis le pays en coupe réglée, a également quitté le pays, à une date et pour une destination inconnues.
Enhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, lui aussi en fuite, est également visé par des poursuites judiciaires sous les mêmes chefs d'inculpation. Huit autres membres de la famille Trabelsi, en état d'arrestation en Tunisie, sont par ailleurs poursuivis dans le cadre de cette enquête.