Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Avec cette nouvelle mission de l’ONU baptisée « Unisfa », le Conseil de sécurité multiplie par cinq le nombre de casques bleus à Abyei. Quelque 4 200 soldats éthiopiens vont remplacer le contingent de 840 soldats zambiens, très critiqués pour avoir préféré se barricader plutôt que de s’interposer lorsque l’armée soudanaise a pris Abyei le mois dernier.
Les casques bleus éthiopiens auront pour mission de veiller au retrait de l’armée soudanaise et des forces du Sud-Soudan conformément à l’accord signé, mais aussi de protéger les civils. Un mandat qualifié de « robuste ». L’objectif est de pacifier la frontière après l’indépendance officielle du Sud-Soudan le 9 juillet.
Les responsables onusiens, qui ont pu se rendre à Abyei, rapportent que la plupart des civils ont fui et disent craindre que le sort d’Abyei ne présage de ce qui pourrait advenir des zones frontalières entre le Soudan et le Sud-Soudan.
La décision des Nations unies est plutôt jugée satisfaisante par les autorités du Sud-Soudan. Comme en témoigne Rachid Babiker, conseiller politique du SPLM, l'ex-parti rebelle au pouvoir à Juba.
Pour Michel Bonnardeau, porte-parole du département des opérations de maintien de la paix des Nations unies, ce contingent, exclusivement éthiopien, arrivera dans les semaines qui viennent. Michel Bonnardeau revient également sur le Kordofan-Sud, autre province soudanaise où la situation est aussi sinon plus grave qu'à Abyei.
Par ailleurs, Princeton Lyman, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour le Soudan, a accordé lundi un entretien exclusif a notre correspondant à Washington. Princeton Lyman s'apprête à partir pour l'Ethiopie où se tiennent les négociations inter-soudanaises. Il réagit à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies d'envoyer 4 200 casques bleus éthiopiens à Abyei en déclarant que :
« Abyei reste une question particulièrement conflictuelle entre le Nord et le Sud. Notre position a été de dire que vous ne pouvez résoudre ce problème tant qu'un camp occupe militairement le terrain. Cela ne peut pas créer un terrain favorable à une négociation. Il nous a donc fallu obtenir un accord de retrait des forces armées soudanaises. Cela a été difficile, mais cet accord existe désormais. Le Conseil de sécurité de l'ONU l'a approuvé et dans les prochaines semaines, nous verrons le début de ce retrait des forces soudanaises. Cela nous permet de revenir, ajoute le diplomate américain, au profond problème politique de savoir à qui Abyei appartiendra à l'avenir le Nord ou le Sud et comment vous répartissez les intérêts des différentes personnes concernées. »