Avec notre correspondante à Sanaa,Charlotte Velut
Les étoiles n’étaient pas blanches, mais rouges hier soir dans le ciel de Sanaa. À 22h30, des points lumineux rouges ont commencé à s’élever dans la nuit noire, accompagnés de fortes déflagrations.
Pendant un instant, la confusion règne : on pense à un mariage, mais bien vite les déflagrations de plus en plus nombreuses et la pluie de lumières qui s’abat sur la capitale yéménite laissent penser que l‘évènement célébré est bien d’une autre nature. Les tirs proviennent en grande partie de la ville nouvelle, plus précisément des alentours de la grande mosquée où sont situées plusieurs casernes militaires.
Alors les lumières semblables à de petites fusées normalement utilisées pour repérer l’ennemi dans les zones sans visibilité sont donc ici censées fêter l’amélioration de l’état de santé d’Ali Abdallah Saleh. Une nouvelle non confirmée et surprenante : ce mercredi 8 juin, des médias rapportaient, d’après des sources médicales que le chef de l’Etat yéménite, serait plongé dans un coma artificiel.
Après 2h30 de sons et lumières, le ciel est redevenu sombre. Les déflagrations se sont cependant poursuivies une bonne partie de la nuit. Cette fois, il s’agissait bien de tirs de balles. Quelque 80 personnes auraient été blessées au cours de ces tirs.
Ce matin, les interprétations de cette soi-disant explosion de joie des fidèles de Saleh sont diverses : show final ou démonstration de force. L’opposition ne semble pas impressionnée. Deux heures après le début des tirs, un de ses membres déclarait : « Ce soir, ils allument le ciel. Demain, on allume la rue ».
Ali Abdallah Saleh a été blessé le 3 juin dans la chute d'obus sur la mosquée de son palais.