Aide au retour à prix cassé pour les Tunisiens arrivés en France

Ce devait être une aide au retour volontaire de 2 000 euros par personne. C'est brutalement devenu une assistance humanitaire de 300 euros seulement. Décision de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, à l'égard des migrants tunisiens, arrivés en Europe et pour certains en France depuis la chute de Ben Ali et depuis la guerre en Libye. Ce changement, révélé le 6 juin 2011 par le quotidien La Croix, suscite incompréhension, voire colère des associations.  

Parmi les aides au retour des migrants dans leur pays d'origine, l'OFII, établissement public dépendant du ministère français de l'Intérieur, a manifestement choisi la moins coûteuse, mais sans doute pas la plus efficace, ni peut-être même la voie légale. Les Tunisiens, jeunes pour la plupart, qui avaient accepté de rentrer chez eux, répondaient en effet aux critères requis pour « l'aide au retour volontaire ». Soit un soutien financier de 2 000 euros par personne, somme mentionnée, d'ailleurs, sur « la convocation au départ » que leur avait délivrée l'Office.

Tous résident sur le territoire français depuis trois mois, au moins. Et tous ont fait l'objet d'une invitation (IQTF) ou obligation (OQTF) à quitter la France. Soit, donc, les conditions à cette aide au retour, stipulées, notamment, dans l'accord migratoire franco-tunisien de 2008. D'où la surprise des premier concernés, en apprenant que le pécule serait de 300 euros seulement. Au titre de « l'aide humanitaire au retour ».

L’Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) se refusait lundi 6 juin 2011 à tout commentaire, se contentant de confirmer cette révision à la baisse des conditions financières, en vertu d’une note interne distribuée « il y a déjà plusieurs semaines » à ses agents.

Les associations qui ont assisté les Tunisiens dans leur candidature au retour s’affichent, quant à elles, scandalisées par ce revirement. Ainsi de France terre d’asile, qui envisage d'en contester la légalité devant la justice administrative. « C’est un déni de droit qui cible une population particulière et qui relève d’une pratique juridiquement douteuse », estime le directeur général de l’association, Pierre Henry, qui comprend d’autant moins cette  décision, qu’elle remet en cause le départ volontaire de 200 à 300 migrants. Soit près d’un quart des Tunisiens arrivés en France, via, le plus souvent, l’île italienne de Lampedusa.

France terre d’asile, comme l’association d’aide aux démunis, Aurore, s'inquiète des conséquences vraisemblables de cette aide au rabais : à savoir que ces Tunisiens, prêts à rentrer chez eux, pour peu qu'ils puissent rembourser leurs passeurs, entrent dans la clandestinité, synonyme  d’une encore plus grande précarité, que celle dans laquelle ils se trouvent aujourd’hui.  

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