Trois mois après le début de la crise libyenne, les diplomates du Conseil de sécurité confient un sentiment de lassitude. La médiation des Nations unies n'avance pas et les initiatives proposées par l'Afrique du Sud ou l'Union africaine se sont soldées par des échecs.
Le rapporteur de l'ONU, Lynn Pascoe a observé devant le Conseil que les défections se poursuivent dans l'entourage du colonel Kadhafi, mais les combats restent figés autour de Misrata.
L'Inde, la Chine et le Brésil se disent préoccupés par la possible utilisation par l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) d'hélicoptères de combats, qu'ils voient comme un premier pas vers un engagement de troupes au sol, interdit par la résolution 1973.
Lynn Pascoe affirme également que la situation humanitaire se détériore et que le pays connaît de de sérieuses difficultés d'approvisonnement, à Tripoli où les vivres commencent à manquer, et dans l'ouest du pays où les réserves ne dépassent pas un mois.
La situation évolue cependant en Libye, consacrant à petites touches la partition entre Ouest et Est. Les combattants libyens se sont désormais dotés d'un nom, Armée de libération nationale, en attendant de consolider leur organisation et d'atteindre une discipline militaire. L'Italie a inauguré un consulat auprès des insurgés à Benghazi. La ville compte déjà un envoyé spécial permanent américain et un ambassadeur français.
Par ailleurs, la chaîne de télévision Libya al-Hurra (Libye libre) a diffusé ses premières émissions par satellite ce lundi 31 mai au soir. Libya al-Hurra est l'héritière du site de streaming d'enregistrement vidéo de Mohamed al-Nabbous, homme d'affaires et blogueur, âgé de 27 ans et tué lors d'un reportage le 19 mars dernier. L'un des objectifs de Libya Alhurra est de contrer la propagande pro-Kadhafi véhiculée par la télévision d'Etat al-Jamahiriya qui dépeint les insurgés en terroristes d'al-Qaïda et l'Otan en croisés sanguinaires.
Les insurgés du Conseil national de transition avaient déjà une page Facebook et un portail internet, traduit en anglais : présentation du Conseil, de ses membres, rubriques événements, il s'apparente à un portail gouvernemental.
La Libye, pays pétrolier, est dirigé depuis plus de quarante ans par le colonel Mouammar Kadhafi. En février 2011, plusieurs villes libyennes se révoltent, prenant exemple sur la Tunisie et l'Égypte voisines. Relativement organisée à Benghazi, l'opposition manifeste de façon plus spontanée et plus vive ailleurs. La répression par les forces loyales à Mouammar Kadhafi est très violente. Les insurgés, soutenus par des bombardements aériens de l'Otan, et l'armée libyenne se livrent depuis plusieurs semaines à une guerre de terrain.
Depuis le début du conflit, l'ONU estime que près de 900 000 personnes ont fui la Libye. 14 000 réfugiés sont parvenus jusqu'en Italie ou à Malte aprés une périlleuse traversée en mer au cours de laquelle plus de 1 000 personnes ont déjà trouvé la mort.