Egypte : première condamnation pour Hosni Moubarak

La condamnation de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak à l’équivalent de 23 millions d’euros d’amende pour avoir « porté préjudice à l'économie nationale » en coupant internet et le téléphone pendant la révolte populaire, a été bien accueillie par l’opinion publique égyptienne. Elle a aussi soulevé beaucoup de réserves.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

La satisfaction vient du fait que c’est le premier verdict à l’encontre de l’ex-raïs que certains désespéraient de voir condamner. « La première goutte de l’averse », écrit un éditorialiste de la presse indépendante.

Mais cette « première goutte » ne suffit pas à une bonne partie de l’opinion publique. Les jeunes révolutionnaires du 25 janvier qui ont, entre autres, réclamé vendredi sur la place Tahrir un procès public pour Hosni Moubarak, ont émis des doutes. Ils craignent que cette condamnation ne soit « de la poudre aux yeux » visant à absorber leur mécontentement face à la lenteur de la justice.

La date du procès où Hosni Moubarak est accusé de meurtre et de tentative de meurtre à l’encontre des manifestants n’a toujours pas été fixée. Pour les parents des victimes de la révolution, plus de six mille morts et blessés, le verdict est insignifiant. « L’amende ne représente même pas 1% de l’argent que Moubarak a détourné », écrit un blogueur qui reprend les cris de vengeance des familles.

Des familles dont beaucoup réclament un procès expéditif et la pendaison de l’ancien chef de l’Etat. Un souhait que les vendeurs de souvenirs de la place Tahrir ont fait leur. Ils vendent des petites potences en plastique aux manifestants. Des potences, évidemment, fabriquées en Chine.

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