Soudan : la communauté internationale condamne la prise de la ville d'Abyei par l'armée nordiste

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné le 22 mai l'opération militaire de l'armée nordiste à Abyei et appelé au «retrait immédiat» des troupes de Khartoum de cette région. Le gouvernement du Sud-Soudan, les Etats-Unis, l'Union européenne, tous exigent aussi que les troupes d'Omar El-Béchir se retirent de la zone. Samedi, après de violents combats, l'armée soudanaise (nordiste) a pris le contrôle de la ville d'Abyei, qui connaît une recrudescence des violences depuis le référendum en janvier sur le Sud-Soudan et l'écrasante majorité en faveur de la sécession de cette région qui doit devenir un Etat indépendant le 9 juillet.

Omar El-Béchir peut se vanter en interne d'une victoire militaire mais il doit aujourd'hui supporter une salve de condamnations de la communauté internationale. Depuis dimanche matin, les communiqués se succèdent et la dénonciation est unanime.

A l'unisson, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, l'Union européenne, Washington, Londres ou Paris demandent le retrait immédiat de l'armée soudanaise de la zone d'Abyei et le respect d'un accord de paix globale violé par cette offensive.

Visiblement soucieux d'éviter les critiques de leurs puissants visiteurs, le ministre soudanais des Affaires étrangères et le vice-président n'ont pas participé aux rencontres prévues hier à Khartoum avec la délégation d'ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité. Le premier a prétexté des problèmes de santé alors qu’Ali Osman Taha a fait savoir qu'il était tenu par d'autres engagements.

Des justifications qui manifestement n'ont pas convaincu Susan Rice. Selon l'ambassadrice américaine aux Nations unies, la crise est très inquiétante et le gouvernement soudanais a de manière regrettable manqué une opportunité de partager ses vues avec le Conseil de sécurité.

Pour son homologue russe, quoi qu'il arrive, l'essentiel est préservé car le 9 juillet la République du Sud-Soudan deviendra indépendante. Seulement, les derniers évènements laissent craindre que le divorce ne se fera pas à l'amiable.

Situation sur le terrain

Selon Rachid Saïd, journaliste soudanais, Khartoum n'attendait que la première occasion pour prendre Abyei. Une attaque prévisible pour peser dans les négociations qui viennent de s'ouvrir à Addis-Abéba sur l'avenir d'Abyei et sur celui des deux pays.

Den Arop Kuol, chef de l'administration de la région d'Abyei estime que le Sud-Soudan doit trouver une solution politique, sinon, il y aura un risque de conflit.

 

Depuis la prise d'Abyei samedi, des milliers de civils ont fui la zone pour éviter les combats et l'avancée de l'armée nordiste. Une zone très convoitée pour son pétrole où le calme serait revenu dans la journée de dimanche, mais l'organisation Médecins sans Frontières a du fermer sa clinique sur place.Témoignage de Gustavo Fernandez, responsable des programmes de MSF pour Abyei.

Partager :