Au moins trois explosions extrêmement puissantes ont retenti juste après minuit, heure locale, faisant trembler les murs des habitations en centre ville. Au même moment, la télévision d’Etat libyenne cessait d’émettre et les officiels du régime expliquaient qu’elle venait d’être visée par un raid de l’Otan.
Quelques minutes plus tard, la téléviision parvenait encore à rediffuser les mêmes programmes qu’à l’habitude : des images en continu à la gloire du Guide libyen et un discours très virulent contre l’invasion colonialiste des croisés, selon ses mots.
En tout cas, la coalition maintient une pression permanente sur le régime Kadhafi. Il s’agit, en effet, de la troisième nuit consécutive de bombardements au cœur de Tripoli, avec à chaque fois, des cibles symboliques comme une caserne militaire pour femmes ou encore le centre du pouvoir.
Et cette nuit, l’Otan a détruit le bureau personnel de Mouammar Kadhafi, situé en pleine résidence présidentielle de Bab al-Azizia (la Porte splendide), une forteresse surprotégée par de nombreux soldats, des miradors, là où se réunissent chaque soir des centaines de boucliers humains.
Un bâtiment, symbole du régime Kadhafi, que la coalition bombarde pour la troisième fois depuis le début de ses opérations le 19 mars. Pour les autorités qui parlent d’une quarantaine de blessés, il s’agit là d’une tentative d’assassinat du Guide libyen.
Situation à Misrata
Les explosions de roquettes et les tirs de mitrailleuses ont retenti sans interruption dans le quartier Zwabi de Misrata, ont constaté deux reporters de l'AFP qui font état de nettes avancées en faveur des rebelles. Du coup, d'après Andrea Bernardi et Christophe Simon, des familles coincées plus de cinquante jours dans des maisons à la portée des snipers de Kadhafi, ont été enfin libérées.
Les forces loyales au vieux Guide ont tiré des roquettes de l'extérieur de Misrata hier, tandis que d'autres dans le centre-ville, ont ouvert des feux nourris pour repousser les assauts des rebelles.Tripoli avait pourtant annoncé samedi soir un repli des forces loyalistes, et la suspension des opérations militaires.
Mais un médecin italien de l'ONG, Emergency, a confirmé à RFI que les soldats Kadhafistes prenaient bel et bien part aux combats : « Nos services d'urgence ont même soigné des soldats du camp de Kadhafi », a affirmé le docteur Paulo Grosso.
Ce dernier signale aussi que la nature des combats a changé : « On assiste désormais à des face-à-face dans la rue, cela explique peut-être le bilan humain particulièrement lourd du week-end, le pire depuis notre arrivée à Misrata», assure le docteur, dont les services sont chaque jour plus engorgés, alors que le matériel médical commence à manquer.
Par ailleurs, un homme présenté comme déséquilibré a tenté de détourner un vol Paris-Rome sur Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi. Cet homme, qui serait un délégué de la délégation kazakh auprès de l'Unesco à Paris a voulu immobiliser une hôtesse de l'air, mais il a été maîtrisé par des stewards et des passagers, avant d'être arrêté à sa descente d'avion.