Appel à la mobilisation par l'opposition burkinabè pour la journée du 30 avril

L'opposition burkinabè a appelé à une « grande mobilisation » le 30 avril 2011 à Ouagadougou contre le régime du président Blaise Compaoré, confronté depuis février à de nombreuses manifestations de colère. Les Burkinabè entendent maintenir la pression, après la nomination d'un nouveau gouvernement par le chef de l'Etat. 

Dans une déclaration publique, les 34 partis d'opposition, signataires de l'appel, affirment que la mobilisation du 30 avril 2011 est une « nouvelle phase d'expression, car les esprits ne sont plus tranquilles et la peur s'installe de jour en jour avec un système vieillissant qui essaie et réessaie les gouvernements en maintenant toujours la tête. Nous pensons qu'il est temps de faire comprendre au régime que le peuple a besoin de changement », a déclaré Benewendé Stanislas Sankara, chef de l'opposition.

« Au-delà des hommes, c’est la nature même du système et de la politique qui sont les plus importants. On peut être compétent, mais si le système lui-même est grippé et pourri, on risque de faire des efforts inutile », estime Luc Marius Ibriga, enseignant de droit public à l’Université de Ouagadougou et président du Forum des citoyennes et citoyens de l’alternance (FOCAL).

Pour son confrère du département de philosophie, Mahamade Savadogo, « il faut ouvrir une possibilité d'un renouvellement de la classe politique de notre pays ». La faible participation des Burkinabè à l'élection présidentielle de novembre 2010 est un signe de « désengouement » de la vie politique. « Il n'y a pas de possibilité d'avoir des candidats indépendants dans les élections municipales ou législatives et par conséquent, il y a beaucoup d'acteurs qui ne se sentent pas concernés ».

« Il ne faut pas confondre : on a l'impression qu'avec l'histoire de la révolution du monde arabe, les gens pensent que ça va se faire, estime A'Salfo du groupe ivoirien Magic System, mais ce n'est pas en cassant tout et en brûlant tout qu'on va trouver une solution ». L'artiste qui a quitté Abidjan et ses batailles de rues pour se réfugier à Ouagadougou, engage les Burkinabè à la prudence : « le Burkina est un pays qui est en train de prospérer et ce n'est pas le moment d'avoir des différends ».

Le 21 avril, Blaise Compaoré, militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat il y a 23 ans, a nommé un nouveau gouvernement dirigépar Luc-Adophe Tio dans lequel il s'est octroyé le portefeuille de la Défense. 

L'équipe composée de fidèles du président, en dépit des promesses d'ouverture, va tenter de ramener le calme dans un pays frappé depuis deux mois par de multiples manifestations populaires et des mutineries de soldats, dont ceux de la garde présidentielle.

 

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