Cinq ans de prison ferme requis contre Bara Tall, le pdg de Jean Lefebvre Sénégal

Cinq ans de prison ferme requis contre Bara Tall, le président-directeur général de l'entreprise Jean Lefebvre Sénégal. L'entrepreneur est  poursuivi pour avoir surfacturé 11,5 milliards de F Cfa dans le cadre des chantiers publics à Thiès (ouest du Sénégal). Le jugement sera rendu le 17 mai 2011.

Dès le début de cette troisième journée d’audience, les avocats de la partie civile s’attaquent violemment à Bara Tall : « Son marché est une escroquerie à grande échelle, une fraude de 11 milliards et demi de F Cfa ».

Se basant sur l’expertise de l’Inspection générale d’Etat, les avocats de la partie civile estiment en effet que l’entrepreneur a profité d’un marché de gré à gré pour imposer des prix surélevés par rapport à des prestations similaires faites par d’autres entreprises.

« On s’est rendu compte que le devis confidentiel et le devis qui était présenté par l’entrepreneur étaient si différents que nécessairement, il ne pouvait y avoir qu’une surfacturation », explique Maître Mbaye Jacques Ndiaye, l’un des avocats de la partie civile.

Les avocats de la défense rejettent cet argument : « Dans le domaine des BTP, relève Maître Simon Ndiaye, les prix sont libres et s’il y a un appel d’offres, même restreint, c’est bien pour choisir le meilleur prix ! »

Au fil des plaidoiries, le ton monte et les enjeux politiques refont surface. Maître Mbaye Jacques Ndiaye est pourtant clair, il ne s’agissait pas de traquer qui que ce soit. La défense s’interroge : « Pourquoi poursuivre Bara Tall alors que la Haute cour de justice a prononcé un non-lieu pour l’ancien Premier ministre Idrissa Seck ? »

Plusieurs coïncidences troublantes

La défense cite plusieurs coïncidences qu’elle juge troublantes. « Pour un dossier lancé en 2005, Bara Tall a été inculpé tardivement, au bout d’un an et demi, explique Maître Ali Fall, c’est parce qu’à un moment donné on a voulu atteindre un homme politique, que celui-ci s’est vu inculpé et placé sous mandat de dépôt. Quand les choses ont commencé à bien aller, il a été immédiatement libéré (...). En réalité, vous savez, ce dossier-là est politique. »

Le parquet a requis cinq ans de prison ferme et la saisie des biens du prévenu. Le tribunal rendra son jugement le 17 mai prochain.

L’Etat sénégalais accuse Bara Tall ainsi que les dirigeants de cabinet et de société, Marwan Zakhem, Massamba Sall Samb et El Hadj Seyni Seck, d’avoir surfacturé leurs prestations et détourné de l'argent public dans le cadre de travaux d'embellissement de la ville de Thiès.

Le procès a de fortes résonances politiques. Bara Tall avait été placé en détention préventive pendant trois mois fin 2006. Il avait dénoncé le rapport des experts de l'Inspection générale de l'Etat, démontrant « leur méconnaissance » en matière de marché de construction. Pour le patron du groupe de bâtiment et travaux publics, ses déboires avec la justice résultent de ses liens supposés avec l'ex-Premier ministre sénégalais Idrissa Seck.

Initialement, 37 sociétés avaient été mises en cause. Toutes les poursuites ont été abandonnées contre les autres sociétés.

 

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