En Algérie, le président Bouteflika annonce une réforme constitutionnelle

Dans un discours attendu depuis les émeutes de janvier dernier, le président Bouteflika a annoncé une nouvelle révision de la Constitution destinée, a-t-il souligné, à approfondir la démocratie parlementaire. Ce discours intervient dans un contexte national marqué par de nombreux mouvements revendicatifs sociopolitiques à travers le pays.

Dans ce discours à la nation radiotélévisée, le président Bouteflika a paru fatigué. Le ton de son discours était inhabituellement lourd. Durant vingt minutes, il a commencé par brosser un tableau des réalisations socio-économiques des deux précédents mandats. Il a rappelé que l’Algérie a payé pour la démocratie un lourd tribut dès le début des années 90 et qu’à présent, après la mise en œuvre de sa politique de réconciliation, il fallait approfondir le processus de la démocratie parlementaire en révisant la Constitution.

« J'ai exprimé, à maintes reprises, ma volonté de faire réviser la Constitution et j'ai réaffirmé cette conviction et cette volonté à plusieurs occasions. Ceci passera par la création d'une commission constitutionnelle, à laquelle participeront les courants politiques agissants et des experts en droit constitutionnel. Elle me fera des propositions dont je m'assurerai de la conformité avec les valeurs fondamentales de notre société, avant de les soumettre à l'approbation du Parlement, ou, à vos suffrages par la voie référendaire.», a déclaré le président.

Abdelaziz Bouteflika n’a pas donné d’échéance mais il a indiqué que c’est une commission constitutionnelle, une commission ouverte aux partis agréés et non agréés qui fera des propositions dans ce sens. Il n’a pas donné de canevas, mais il a insisté sur l’approfondissement de l’expérience démocratique, sur le mandat des parlementaires qu’il faudra revoir, sur la révision du système électoral, de la loi sur les partis. Il a appelé au respect des droits de l’homme et à la diffusion de cette culture.

Le président algérien a également annoncé qu’il y aura de larges consultations pour le développement local. Il a appelé les Algériens, notamment les jeunes à se mobiliser, à s’impliquer dans le mouvement associatif. A propos de l’ouverture sur la société plusieurs textes seront révisés dont la loi sur la wilaya et celle sur les associations. Celle sur l’information sera également révisée et il a annoncé, dans ce cadre, que le délit de presse sera dépénalisé.

« La Télévision et la Radio représentent la voix de l'Algérie dans le monde. Ce qui leur impose de contribuer à la consécration de l'identité et de l'unité nationales, et dans le même temps, de propager la culture et le divertissement. Mais ils sont surtout appelés à s'ouvrir aux différents courants de pensée politique, dans le respect des règles d'éthique qui régissent tout débat. Afin d'élargir cette ouverture aux citoyens, à leurs représentants élus et aux différents partis présents sur la scène nationale, le paysage audiovisuel public sera renforcé par la création de chaînes thématiques spécialisées et ouvertes à toutes les opinions, dans leur diversité.», a-t-il promis avant d'ajouter : « La loi sur l'information, elle, introduira les repères d'une charte déontologique et complètera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse ».

On peut dire qu’à travers ce discours le président Bouteflika affiche une volonté de canaliser toutes les revendications qui s’expriment depuis janvier dernier à travers de nombreux mouvements qui se manifestent dans le pays.

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