Avec notre envoyée spéciale à Benghazi
Depuis plusieurs jours, le même scénario se répète. Les combattants s’affrontent sur la route, entre le site pétrolier de Brega et la ville d’Ajdabiya. Les forces pro-Kadhafi, qui disposent d’une force d’artillerie bien supérieure, tirent. Et du coup, les insurgés qui se trouvent sur la ligne de ravitaillement, au niveau de la porte-ouest d’Ajdabiya, reculent vers le centre-ville, à une petite dizaine de kilomètres.
Mais ce n’est pas pour cela que les forces fidèles au régime progressent réellement. Elles se replient ensuite à Brega. Car si elles se risquaient à avancer vraiment, elles constitueraient alors des cibles très visibles pour les avions de l’Otan, sur cette route qui est complètement désertique. Il n’y a rien sur cette portion de voie. Pas de bâtiments, pas d’arbres, mais des moutons et quelques dromadaires. Si les combattants s’avancent sur cette route, ils seraient donc à découvert.
C’est d’ailleurs sur cette même route, un peu plus loin entre Ajdabiya et Benghazi, que les troupes du colonel Kadhafi ont été stoppées par les premières frappes de la coalition. Et tout au long de la voie, il y a effectivement plusieurs dizaines de chars complètement détruits et calcinés.
Une population en colère contre les forces de l’Otan
Il y a une vraie incompréhension dans le camp des insurgés sur la stratégie de l’Otan et sur l’efficacité de son action. Surtout après cette nouvelle bavure de jeudi 7 avril, entre Ajdabiya et Brega.
Le 8 avril, lors de la grande prière à Benghazi, les cercueils des victimes ont été portés par la foule. Beaucoup ont exprimé cette colère. Les révolutionnaires se demandent pourquoi l’Alliance atlantique n’arrive pas à protéger les villes de l’ouest, notamment Misrata, et comment expliquer ces bavures.
De son côté, le Conseil national de la transition est plus mesuré. Il ne demande pas d’excuses à l’Alliance atlantique, mais il souligne qu’il faut améliorer la communication entre la coalition et les insurgés qui sont sur le front.
Par exemple, concernant la bavure de jeudi, l’Otan a expliqué qu’elle ne savait pas que les insurgés utilisaient des chars. Et effectivement, ces chars des insurgés venaient tout juste d’être acheminés sur le front.