Bénin : l'opposition devrait contester la victoire de Boni Yayi devant le Conseil constitutionnel

Au Bénin, le Conseil constitutionnel a validé, le 20 mars, la réélection du président Boni Yayi le 13 mars avec environ 53% des suffrages. Les résultats qui avaient été annoncés vendredi par la Commission électorale sont contestés par son principal adversaire. Adrien Houngbedji, qui a obtenu 36% des voix, a dénoncé des fraudes et revendiqué sa victoire. Le camp du président béninois Boni Yayi a appelé,  de son côté, les membres de l'opposition qui contestent ce résultat à passer par les voies légales.

« S'il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec les résultats, les textes prévoient qu'ils s'en plaignent à la justice pour vider le contentieux », a déclaré le porte-parole de Boni Yayi, Marcel de Souza.

Pour le candidat Adrien Houngbedji, les dissonances observées à la commission électorale confirment un complot savamment orchestré par le pouvoir en place : « C’est le président de la CENA tout seul dont on sait qu’il a été nommé par Boni Yayi, donc un homme aux ordres, qui a sorti dont on ne sait où le chiffre communiqué donnant la victoire à Boni Yayi dès le premier tour. Notre peuple ne renoncera pas à ce qu’il a acquis au prix de luttes héroïques pour retomber dans la servitude des trafiquants d’élection et d’un despote. Nous avons gagné ces élections, nous réclamons notre dû».

Pour le camp présidentiel, les accusations de l’opposition ne sont que pure manœuvre. Saka Lafia, ministre de l’Energie et membre de l’équipe de campagne de Boni Yayi, déclare que : « l’opposition n’en est pas à sa première manœuvre. Pendant quatre ans durant, ils n’ont fait que de la diversion et croient gagner le pouvoir en organisant des marches contre la LEPI (Liste électorale permanente informatisée) pour au dernier moment exiger à ce qu’on inscrive ceux qui étaient en retard. Aujourd’hui, c’est à la CENA qu’elle pense gagner les élections. Les élections se gagnent dans les urnes ».

Les urnes, il faudra y retourner. C’est du moins ce que propose l’Alliance ABT, la coalition ayant soutenu la candidature d’Abdoulaye Bio Tchané, arrivé troisième dans la course. Maître Raymond Dossa, son porte-parole, est clair : « face à ce hold-up électoral, l’Alliance ABT, entend demander par des voies légales l’annulation pure et simple du scrutin, de la reprise de toutes les opérations électorales dans des conditions plus acceptables ».


Quatorze candidats se présentaient à la présidentielle du 13 mars. Elle a été reportée deux fois, à la suite de nombreux problèmes durant la préparation du scrutin, liés notamment à l'informatisation du fichier électoral. Sur les cinq millions recensés au départ, seuls quatre millions de Béninois avaient été enrôlés sur la liste électorale permanente informatisée. Dans la semaine précédent le premier tour, il a donc fallu rouvrir à la hâte les inscriptions,  dans des conditions chaotiques. 

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