Côte d'Ivoire: nouveaux tirs et nouvelles victimes dans certains quartiers d'Abidjan

Une nouvelle journée tendue à Abidjan, ce jeudi 17 mars 2011. Plusieurs personnes ont été tuées dans le grand quartier d’Abobo, majoritairement favorable à Alassane Ouattara, après des tirs à l’arme lourde. Des tirs ont aussi été entendus dans les quartiers d’Adjamé et de Yopougon.

Plusieurs témoins ont rapporté des tirs à l’arme lourde, ce jeudi 17 mars, dans le quartier d’Abobo, majoritairement favorable à Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. Une dizaine de personnes au moins auraient été tuées, selon diverses sources. Des obus sont tombés près d'un marché. « Nous avons entendu des bruits forts d’armes lourdes qui venaient du camp commando d’Abobo, déclare un habitant joint par RFI. C’est de là que sont partis les tirs (…). Cela a duré une trentaine de minutes, après ça s’est calmé. Chacun est à la maison, mais franchement nous avons très peur. Si vous venez à Abobo, c’est vide tout le monde est obligé de partir, car on nous tire comme des lapins. »

Des tirs ont retenti également dans le quartier d’Adjamé, près du camp militaire Gallieni, proche du quartier central du plateau dans le centre ville. « On était dans les bureaux, il a commencé à y avoir des tirs à l’arme lourde. On nous a dit (...) de ne pas sortir. On est enfermés, on est cachés dans les bureaux, raconte un témoin anonyme joint en milieu de journée. Là où nous sommes il y a un camp militaire, le camp Gallieni. Les tirs proviennent d’Adjamé [un quartier pro-Ouattara], (…) C’est depuis midi que cela a commencé, ça fait deux heures de temps, précise-t-il. Il y a des accalmies et puis ça reprend. C’est effrayant. On attend le « OK » pour pouvoir partir dans des quartiers où il n’y a pas de tirs pour pouvoir s’abriter ».

Violences à Yopougon

Des tirs ont également été entendus, dans la nuit de mercredi à jeudi, notamment dans le quartier de Port Bouët 2,  favorable à Alassane Ouattara, dans la grande commune de Yopougon, majoritairement pro-Gbagbo. Les habitants sont effrayés, comme Patrick, joint par RFI : « Hier nuit, des jeunes fusils en main ont tiré de gauche à droite. Cela tirait partout, ils ont barré les voies, ils disent qu’ils cherchent des rebelles. Ce sont des jeunes LMP [La majorité présidentielle de Laurent Gbagbo]. (…) Il parait qu’il y a des rebelles dans le quartier Port-Bouët 2. Moi je rentre au village. Après les événements je vais revenir. »

Depuis plusieurs semaines, des insurgés fidèles à Alassane Ouattara mènent des attaques contre Forces de défenses et de sécurité (FDS), loyales au président sortant Laurent Gbagbo. Beaucoup de leurs membres ont été tués. En réponse, les FDS mènent des opérations de ratissage, souvent sanglantes, principalement à Abobo, où l’on compte aussi des victimes civiles. Des groupes de jeunes, fidèles au camp Gbagbo ont également été armés.

Tout cela alors que des affrontements se déroulent aussi dans l'ouest du pays, provoquant d'importants déplacements de populations. Cette escalade militaire entre les deux camps rivaux fait craindre des pertes de plus en plus importantes chez les civils, s’inquiète Hamadoun Touré, porte-parole de l'Onuci, la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire, alors que les violences post-électorales ont déjà fait 410 morts depuis mi-décembre dont 18 pour la semaine écoulée. « Les nouvelles victimes ont été enregistrées à Abidjan comme à l'intérieur du pays », a-t-il déclaré à l'AFP. Mercredi, l'Onuci avait appelé à « mettre un terme immédiatement » à « l’escalade de la violence »dans le pays.

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