L’Ouest ivoirien est devenu le Far West. Dans la zone qu’ils contrôlent, les ex-rebelles, les FN, les Forces nouvelles grignotent des positions et ont déjà conquis quatre localités depuis le mois de février. Face à elles au sud, le régime de Laurent Gbagbo a mis en place un système de défense qui repose sur les milices de patriotes épaulés par des mercenaires libériens.
Récemment, le Premier ministre d’Alassane Ouattara était en tournée dans l’Ouest, et beaucoup y ont vu la préparation d’une vaste offensive. L’attaque de Duékoué du 16 mars , important carrefour stratégique serait-elle la première étape de la conquête de l’Ouest ? Les FN le nient.
Mara Lanciné, leur porte-parole à Man affirme que ses hommes ne sont pas en cause dans les affrontements de Douékoué. Selon lui, il s'agit de combats entre milices pro-Gbagbo et supplétifs libériens.
Mais à Douékoué, le colonel Yao Yao, chef des opérations du FLGO, une milice pro-Gbagbo, dément cette version et affirme au contraire que les affrontements de Douékoué opposent les milices pro-Gbagbo aux supplétifs libériens, ajoutant que ce sont les Forces nouvelles qui ont attaqué la ville, en provenance de Bangolo.
Quoiqu’il en soit, il reste que la guerre civile ivoirienne se déroule sur deux fronts, la ville d’Abidjan d’un côté et le Grand Ouest de l’autre.
Les affrontements dans l'ouest poussent les populations à fuir vers le Libéria. Selon l'ONU, 90 000 Ivoiriens seraient ainsi réfugiés de l'autre côté de la frontière. A Abidjan, les violences sont devenues quotidiennes. On a signalé le 16 mars au soir des tirs à l'arme lourde à Yopougon.
Là aussi, ces violences provoquent l'exode des habitants. Selon la FIDH, elles auraient fait en tout près de 400 000 déplacés à l'intérieur du pays. Pour sa part, Human Rights Watch dénonce des exactions commises par les forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo.
Dans un rapport publié le 16 mars, l'organisation américaine affirme que ces abus pourraient constituer des «crimes contre l'humanité». Selon HRW, les migrants ouest-africains en Côte d'Ivoire sont tout particulièrement visés. Mais le camp pro-Ouattara est également accusé de crimes de guerre.
Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau de HRW à Paris revient en détail sur ce qui ressort d'une enquête approfondie menée fin février - début mars en Côte d'Ivoire.
Par voie de conséquences, Jean-Marie Fardeau demande au Conseil de sécurité de l'ONU de renforcer les sanctions contre des membres du camp Gbagbo.