En Libye, l’étau se resserre autour de Benghazi

Les troupes de Mouammar Kadhafi annoncent avoir repris Ajdabiah, à 160 km de Benghazi, après d'intenses pilonnages. La télévision officielle et un responsable gouvernemental libyen ont annoncé que la ville était contrôlée par les forces envoyées par Tripoli, ce que dément un porte parole de l'opposition. Mais l'armée libyenne affirme que l'offensive sur Benghazi est imminente. Les opérations d'évacuation ont d'ailleurs commencé. Les insurgés ont fait usage de canons anti-aériens. Et plus à l'est, Tobrouk se prépare au pire.

Avec nos envoyés spéciaux,

Selon les témoins, il restait mardi des poches d’insurrection dans la ville d’Ajdabiyah, mais les troupes fidèles au colonel Kadhafi ont pris dans l’après midi le contrôle de la route qui mène d’Ajdabiyah vers Benghazi, contraignant les insurgés en déroute et les populations civiles à emprunter l’autoroute du désert, qui mène vers Tobrouk, à l’est, en direction de la frontière égyptienne.

L’étau se resserre donc d’heure en heure autour de la ville de Benghazi, la seconde ville de Libye, où la population, estimée à un million d’habitants, n’a cessé depuis le 17 février dernier de crier sa haine du régime.
 

Mardi soir, le long de la route menant vers l’Egypte, les barrages se faisaient plus discrets. Quelques insurgés frigorifiés autour de feux de bois, et les rumeurs les plus folles : le palais à Tripoli avait été bombardé, disaient-ils, les insurgés avaient volé un bateau de guerre et des avions de chasse, ils avaient touché la famille Kadhafi...

Des rumeurs pour chasser la peur, pour tenter de croire qu’un retournement de situation était encore possible. A la frontière, côté libyen, il n’y a plus qu’une poignée d’hommes pour surveiller les mouvements.

A Tobrouk, on attend les forces de Kadhafi

Le dernier barrage avant la ville de Tobrouk est installé devant la porte du cimetière français de la Seconde Guerre mondiale. Il y a là un char, qui a l’air de n’avoir pas servi depuis bien longtemps, et dont le canon, de toute façon, est pointé dans la mauvaise direction.

Contre le mur, à l’ombre de la croix de Lorraine, quatre hommes s’affairent à essayer de redresser la tente militaire qui ne cesse de s’affaisser. Un seul d’entre eux a une arme, une vieille Kalachnikov. Les autres, dit-il, « sont au centre-ville pour le moment, sur la place des Martyrs, mais ils vont venir tout de suite ».

Le centre ville de Tobrouk justement où dès que la télévision officielle a annoncé la prise d’Ajdabiyah, les rideaux de fer des magasins ont été tirés. Sur la place, seuls quelques adolescents sont assis, sur des sièges de voitures, au milieu des détritus qui s’échappent de la grande poubelle couverte de slogans anti Kadhafi.

Un vieil homme s’approche des étrangers, et en regardant ailleurs, il demande s’il y a des nouvelles de la communauté internationale et de la zone d’exclusion aérienne. Parce que sinon, dit il, « nous allons tous mourir ».

Partager :