Timide pour ne pas dire jusque-là aphone sur la crise libyenne, l'Union africaine entend désormais faire entendre une voix singulière. La date d'arrivée à Tripoli des présidents africains n'est pas encore connue mais il est d'ores et déjà acquis que les cinq hommes ne viendront pas pousser Mouammar Kadhafi vers la sortie.
Jeudi 10 mars, lors de sa dernière réunion, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA s'est prononcé contre toute intervention militaire étrangère. Samedi, une source haut placée au sein de l'organisation panafricaine, prenant le contre-pied de la Ligue arabe, se déclarait hostile à l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen. « Notre objectif n'est pas de sauver le pouvoir de Mouammar Kadhafi mais de trouver une issue pacifique et négociée à la guerre qui fait rage », explique cette source.
Dans les faits, si l'option voulue par l'UA de discussions entre les deux parties en conflit semble plus qu'improbable, nombre de chefs d'Etat africains qui ont bénéficié de la générosité ou pâti du pouvoir de nuisance de Mouammar Khadafi se sentent obligés de soutenir implicitement le régime en place à Tripoli. Pour preuve, plusieurs pays géographiquement et politiquement proches de la Libye ont fait savoir ces derniers jours qu'ils refuseraient de recevoir des émissaires du Conseil national de transition.