Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La résolution adoptée par la Ligue arabe est à géométrie variable. D’un côté les ministres arabes des Affaires étrangères appellent le conseil de sécurité des Nations Unies à imposer une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye. De l’autre, les représentants de la Ligue indiquent dans une conférence de presse que cela exclut les opérations militaires. Ils précisent même qu’il s’agit principalement d’opérations de brouillage.
En fait ils espèrent que le colonel Kadhafi se pliera à la résolution du Conseil de sécurité sans besoin de l’imposer par la force.
Résolution à géométrie variable aussi en ce qui concerne le Conseil national transitoire libyen
La résolution annonce que des contacts seront engagés avec le Conseil sans pour autant le reconnaître comme seul pouvoir légitime. Une manière de laisser la porte ouverte à chaque Etat pour sa propre interprétation. Pour certains le dialogue signifie reconnaissance, pour d’autres il peut vouloir dire discussions en attendant la suite. Une seule chose est sure pour l’instant, le régime Kadhafi est exclut de facto de la Ligue arabe pour «crimes contre son peuple».
Un accueil mitigé dans le monde arabe
Il y a ceux qui soutiennent la résolution sans réserve : les pays du Golfe et les voisins de la Libye: Egypte et Tunisie.
Mais il y a aussi ceux qui ont exprimé des réserves comme la Syrie. Damas estime que l’imposition d’une zone d’exclusion pourrait paver la voie à une ingérence militaire étrangère et, à terme, l’éclatement de la Libye.
La Ligue a contourné ces réserves en ajoutant une phrase rejetant une éventuelle ingérence militaire étrangère. Un flou artistique quand on sait que l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne nécessite l’usage de la force comme cela avait été le cas en Irak. Et c’est justement l’exemple irakien qui revient le plus souvent sur les blogs arabes.
Beaucoup d’internautes estiment que la zone d’exclusion aérienne pour défendre les chiites et les Kurdes contre Saddam Hussein, était le premier pas qui avait conduit à l’invasion de l’Irak. Il y a enfin ceux qui aimeraient bien que le principe d’exclusion aérienne pour défendre la population soit étendu à d’autres régions, comme par exemple le Darfour soudanais.