Nos envoyés spéciaux se sont rendus vendredi à une cinquantaine de kilomètres de Ras Lanouf. Ils y ont rencontré des insurgés aussi enthousiastes qu’inexpérimentés.
Les hôpitaux de la région ne sont pas épargnés par les combats
L'hôpital de Ras Lanouf a été bombardé jeudi. Les services de secours ont été contraints de se replier vers Brega, à une cinquantaine de kilomètres plus à l’est. Sur la longue route qui traverse le désert, les ambulances croisent les véhicules qui partent vers le front.
Sur le plan politique, le Conseil national de transition est reconnu comme un interlocuteur légitime par un nombre croissant de pays
Malgré les réticences de certains comme le ministre allemand des Affaires étrangères qui s'interrogeait sur la représentativité du Conseil national de transition libyen, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne réunis à Bruxelles, vendredi 11 mars, ont finalement décidé de considérer le CNT comme un interlocuteur politique légitime. Ils emboîtent ainsi le pas de la France, qui la première avait reconnu la veille l'opposition libyenne incarnée par le CNT.
Qui compose ce fameux Conseil national de transition ?
Sur son site internet, le Conseil national de transition affirme compter 31 membres. Parmi eux, le président du conseil, Mustapha Abdeljelil, l'ancien ministre de la Justice. Il a démissionné il y a trois semaines pour dénoncer l'usage excessif de la force contre les manifestants.
Autre membre important du Conseil, Omar Al Hariri, en charge des Affaires militaires. Des journalistes racontent qu'ils ont vu les jeunes insurgés accueillir cet homme en héros. Cet officier aurait passé quinze ans en prison, pour avoir tenté de renverser Kadhafi, après avoir contribué à l'installer au pouvoir.
Membres aussi du CNT, Ali Issawi, ancien ambassadeur en Inde, qui s'est vu confier les Affaires étrangères, ou encore Zubiar El Sharif, un des plus anciens prisonniers politiques de Kadhafi.
Le CNT affirme représenter les différentes régions et villes du pays, mais il a dévoilé l'identité de 13 de ses membres seulement, pour l'essentiel originaires de l'Est du pays ; il aurait choisi de ne pas révéler les noms des autres, issus des les localités plus proches du front et dans l'ouest du pays, pour des raisons de sécurité.
D'après nos informations, le Conseil a bien tenté de rallier des représentants dans les trois grandes tribus libyennes, les Warfala très présents à l'Est mais aussi les Megraha, implantés surtout dans l'Ouest et le Sud, et même les Kadhafa, la tribu du Guide libyen. L'entourage de Nicolas Sarkozy assure aujourd'hui que le CNT est assez largement représentatif des composantes libyennes.