En Libye, les journalistes quittent Benghazi, le QG des rebelles

A Benghazi, dans l'est de la Libye, la population attend avec angoisse de savoir si les troupes fidèles au colonel Mouammar Kadhafi vont poursuivre leur avancée. Pour leur part, une bonne partie des journalistes ont décidé de quitter la ville pour partir vers l’est.

Avec nos envoyés spéciaux

Les employés de l’hôtel regardent les équipes de télévision entasser leurs caisses de matériel à l’arrière des voitures. En moins de 24 heures, le lieu, qui jusque-là grouillait de journalistes, s’est vidé. Et ce sont les habitants de Benghazi, les premiers, qui ont donné ce conseil aux étrangers : « Partez, ne restez pas ici ».

Dans la rue, quelques centaines de personnes défilent. Les ambulances, toutes sirènes hurlantes, les voitures avec leurs klaxons. Mais ils sont si peu nombreux, rien à voir avec les foules de ces derniers jours. Ils crient leur colère, ils promettent de se débarrasser de Mouammar Kadhafi, mais derrière les cris de haine et les slogans guerriers c’est la peur qui transpire. La peur de voir les troupes au drapeau vert revenir, la peur de ce qui se passera après si Kadhafi gagne, la peur du prix qu’ils devront payer pour trois petites semaines de parole libérée.

Au barrage, à la sortie de la ville, le jeune rebelle aux traits tirés jette un œil à l’intérieur des voitures. Il ne peut que constater : « Sahafi », «journaliste». Et il regarde le convoi s’éloigner.

Partager :