L’incertitude demeure autour de la présidentielle au Bénin

Alors que l’élection présidentielle est toujours programmée pour ce dimanche 13 mars 2011 au Bénin, de nombreux électeurs ne sont toujours pas parvenus à s’enregistrer. L’opposition demande un troisième report mais le camp du président Boni Yayi refuse catégoriquement.

De notre envoyée spéciale au Bénin,

Une certaine confusion prévalait le 10 mars à Cotonou et la tension montait dans les mairies d’arrondissements, où beaucoup de citoyens espéraient encore se faire enregistrer alors que, théoriquement, l’opération se terminait en fin de journée.

Pour voter dimanche, tous ces laissés pour compte de la liste électorale sont prêts à attendre une journée entière, voire deux jours s’il le faut, debout, sous le soleil. Cette session de rattrapage a suscité beaucoup d’espoir et provoquera donc beaucoup de frustrations lorsqu’on annoncera à tous ces gens qu’ils ne pourront pas voter dimanche. Des manifestations spontanées ont même eu lieu ce jeudi.

L’opposition exige un report…

Le collectif des candidats de l’opposition a très fermement demandé le report du scrutin. Un report d’une semaine pour enregistrer tous ces laissés pour compte. Ils estiment que l’esprit de la loi n’a pas été respecté et dénoncent la façon dont cette opération a été conduite : le manque de kit, les queues interminables et tous ces citoyens qui vont se retrouver ce soir au bord du quai.

Pour les candidats de l’opposition, un nouveau report d’une semaine permettrait de « rectifier le tir » sans dépasser la date du 6 avril. Au regard de la constitution, en effet, le mandat du chef de l’Etat Boni Yayi se termine le 5 avril et la prestation de serment du nouveau président doit avoir lieu le 6. Victor Topanou, le porte-parole du collectif des candidats explique que les conflits en Afrique proviennent souvent de crises post-électorales et qu’il vaut mieux les prévenir en amont (voir encadré ci-dessous).

… mais la présidence refuse

« Ce sont eux, ces opposants, qui veulent plonger le pays dans le chaos », rétorque-t-on du côté de la mouvance présidentielle (les « mouvanciers », comme on les appelle). Joint par RFI, Marcel de Souza, le porte-parole du président-candidat Boni Yayi, oppose une fin de non recevoir aux candidats de l’opposition. « Boni Yayi a déjà accepté deux reports consécutifs, martèle-t-il. Il a apporté la preuve qu’il était un homme de dialogue et de bonne volonté. Les masques sont tombés : on connaît à présent leurs manœuvres politiciennes pour éviter d’aller aux élections car ils savent qu’ils vont perdre. »

Pour le camp présidentiel, le vote aura donc lieu dimanche, mais d’autres voix se font entendre aujourd’hui. Fors Elections, le front des organisations de la société civile pour une élection transparente, demande de son côté un report de deux semaines. Joseph Djogbenou, un des puissants leaders de la société civile béninoise, estime que c’est le minimum pour organiser une élection crédible dans un climat apaisé.

Quant au mur du 6 avril, il propose que le chef de l’Etat donne sa démission au soir du 5 avril, au terme de son mandat et que le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim juste le temps d’organiser le second tour. Pour lui, cette solution aurait pour avantage d’éviter une révision de la cConstitution et de préserver la paix sociale.

D’autres voix sont très écoutées ici : celles des anciens présidents Emile Derlin Zinsou et Nicéphore Soglo. Les deux anciens chefs d’Etat proposaient jeudi à tous les acteurs de se réunir pour une ultime concertation pour une élection apaisée.

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