La répression ne faiblit pas dans une Libye coupée du monde

En Libye, Kadhafi a fait une brève apparition cette nuit du 22 février 2011 à la télévision nationale pour dire qu'il n'avait pas fui le pays alors qu'on le croyait au Venezuela. Depuis lundi, les forces armées se sont engagées dans un bras de fer de plus en plus sanglant. Selon la chaîne al-Jazira, qui cite des témoins, des appareils de l'armée de l'air ont ouvert le feu sur des foules de manifestants antigouvernementaux avec des balles réelles à Tripoli.

On parle de mitrailleuses, de tireurs embusqués et d'avions de combats à Tripoli, réquisitionnés pour bombarder et tirer sur la foule sans distinction, on parle de mercenaires africains qui abattent des manifestants...

Difficile de vérifier ces informations car il est presque impossible d'établir un contact téléphonique avec la Libye. La Ligue libyenne des droits de l'homme et plusieurs témoins dénoncent en tous les cas des massacres qui sont confirmés par des diplomates libyens démissionnaires. La télévision d'Etat al-Jamhiriya a démenti « les mensonges faisant état de massacres ».

Michel Casals, le directeur de la Chambre de commerce franco-libyenne est en contact permanent avec les entrepreneurs français basés en Libye : « Les gens sont le plus souvent cantonnés chez eux. C’est vrai [qu'il il y a] des tirs, partout dans la ville. Donc il y a une inquiétude et je pense qu’il est important maintenant, de rapatrier au moins les Français qui ne sont pas indispensables en Libye et, au moins les familles, le plus rapidement possible ».

« S'il n'avait pas plu... »

La tension est donc bien présente mais le colonel Kadhafi est offensif. Il a fait une apparition télévisée d'une vingtaine de seconde dans la nuit où il était devant sa résidence-caserne de Bab al-Aziziya, il a déclaré « S'il n'avait pas plu, j'aurais passé la nuit avec les jeunes sur la place Verte, pour prouver que je ne suis pas en fuite au Venezuela, et pour dire aux jeunes de ne pas croire les télévisions de ces "chiens errants" ».

Un Kadhafi offensif donc, alors que Benghazi, Tobrouk et Misrata sont tombés aux mains des manifestants. Les pistes de l'aéroport de Benghazi, théâtre des plus violents affrontements, sont détruites indique le gouvernement égyptien. Par ailleurs les médecins égytptiens à la frontière peinent à acheminer du matériel médical, a indiqué sur tweeter Ben Wedeman, un journaliste de CNN, lun des rares confrères à être parvenu à entrer en Libye clandestinement.

Condamnations internationales en rafale

L'ONU, dont le Conseil de sécurité se réunit en urgence ce mardi 22 février 2011, a averti les autorités libyennes que les attaques contre les civils, pourraient être assimilées à des crimes contre l'humanité. Condamnations de la Ligue arabe aussi, de l'Organisation de la conférence islamique qui dénonce une « catastrophe humanitaire contraire aux valeurs de l'islam ».

Pendant ce temps, la plupart des chancelleries occidentales mais aussi chinoises et russes, organisent l'évacuation de leurs ressortissants. La France, par exemple, vient de décider l'envoi de trois appareils militaires pour rapatrier les Français dont la présence en Libye n'est pas indispensable.

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