Une fois n'est pas coutume. Khartoum a reçu les félicitations du Conseil de sécurité le mercredi 9 février. Exemple avec ces propos à la tribune de Haile Menkerios, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Soudan : « Contre toute attente, le gouvernement soudanais a non seulement contribué au succès du référendum d'autodétermination du Sud-Soudan, mais le président Béchir et son parti ont maintenant officiellement reconnu la validité et la légitimité des résultats. Ce faisant, ils ont certainement mis fin une fois pour toutes à l'un des conflits les plus meurtriers d'Afrique ».
Le Soudan compte bien surfer sur cette vague de satisfaction. Pour son ambassadeur aux Nations unies, Dafa Alla El Hadj Ali Osman, tout cela mérite récompense. « Les leaders soudanais ont rempli leurs promesses. Cela ne devrait-il pas être récompensé par votre auguste et distingué Conseil et toute la communauté internationale ? Ne devrait-il pas y avoir en retour une nouvelle attitude vis-à-vis du Héros de la Paix, le président Béchir, tel que l’a baptisé le premier vice-président soudanais Salva Kiir ? »
Voilà deux ans qu'Omar el-Béchir est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'Humanité et génocide au Darfour. Depuis longtemps, l'Union africaine demande au Conseil de sécurité de suspendre ces poursuites pendant un an renouvelable, comme le permet l'article 16 du Statut de la Cour. Pour cela, il faudrait qu'au moins neuf Etats sur les quinze du Conseil votent une résolution.
Des discussions ont lieu en coulisses, mais Washington (entre autres), n'est pas pour. Et une source diplomatique à l'ONU pose la question suivante : quel Etat prendrait le risque d'écorner son image en proposant une résolution sur le gel des poursuites ?