Hassan al-Tourabi, est il perçu comme l'opposant le plus dangereux ? En tout cas, d'autres poids lourds de l'opposition ont tenu dimanche 16 janvier les mêmes propos que lui sans faire l'objet d'arrestation. « Le terrain est prêt pour un soulèvement populaire » a par exemple déclaré Moubarak al-Fadil, l'un des ténors du vieux parti Oumma.
«La crise actuelle peut seulement finir par la fin du régime totalitaire et la fin du parti unique» affirmait en écho lors d'une conférence de presse Farouk Abou Issa, porte-parole des forces de la coalition qui regroupe le Parti communiste, le Parti du congrès populaire de Tourabi et le parti Oumma de Sadek el-Mahdi.
Ecroué à plusieurs reprises depuis dix ans, Hassan al-Tourabi fait sans doute peur aussi parce qu'il entretient des liens avec le JEM (Mouvement pour la justice et l'égalité), la rébellion du Darfour la plus active.
Le régime d'Omar al-Béchir se sent-il menacé ?
Khartoum se débat en ce moment sur plusieurs fronts. Sur le front économique, la montée de l'inflation et l'abandon des subventions suscitent la grogne des Soudanais du Nord qui voient tous les prix des denrées alimentaires augmenter de 20 a 30%.
Sur le terrain politique cette fois, la partition annoncée du Sud-Soudan est un autre facteur de fragilisation du régime al-Béchir. Dans son histoire récente, le Soudan a déjà connu deux soulèvements populaires qui ont abouti en 1964 et 1985 au renversement de pouvoirs militaires.