En Tunisie, la transition politique s'organise pas à pas

En 24 heures, la Tunisie aura eu trois présidents : Zine el-Abidine Ben Ali, renversé par la rue vendredi 14 janvier 2011 au soir, Mohamed Ghannouchi l’ancien Premier ministre, puis finalement Foued Mebazaa, le président du Parlement. Un tâtonnement qui illustre les nombreuses questions posées ces dernières heures sur la conduite de la transition qui s'annonce avec, en toile de fond, un environnement sécuritaire encore très instable.

Avec nos envoyées spéciales en Tunisie,

Durant quelques heures Mohamed Ghannouchi a été président en vertu de l’article 56 de la constitution. Mais le texte ne prévoyait pas d’élection alors le choix s’est porté ce samedi 15 janvier sur l’article 57 qui confie le pouvoir au président du Parlement et qui prévoit l’organisation d’élections législatives et présidentielles d’ici soixante jours maximum.

Depuis samedi soir Foued Mebazaa est donc le nouveau chef de l’Etat. Il s’est engagé à respecter la constitution et a promis un gouvernement d’union nationale dans l’intérêt supérieur du pays.

Cet ajustement à la tête de l’Etat ne veut pas dire pour autant que la transition sera simple : l’homme n’incarne pas la nouveauté aux yeux d’une population qui a payé le prix fort pour le départ du président Ben Ali. Sa carrière a débuté sous les ordres d’Habib Bourguiba, le père de l’indépendance puis de Zine el-Abidine Ben Ali de qui il ne s’est jamais vraiment démarqué.

Les partis politiques d’opposition, pour certains encore interdits, soulignent par ailleurs la

difficulté d’aller à un scrutin face à l’ancien parti au pouvoir, le RCD, véritable machine-Etat toujours en place. Un parti qu’a longtemps dirigé d’ailleurs le nouveau chef de l’Etat.

On parle aussi beaucoup d’une place grandissante de l’armée chargée de sécuriser les villes et les quartiers de la capitale, une armée que certains invitent à prendre le pouvoir pour casser l’ancien système politique et rétablir le calme.

 

Le Premier ministre a commencé ses consultations

Les chefs des principaux partis politiques d'opposition ont rencontré samedi 15 janvier le Premier ministre. Ce dernier a consulté les secrétaires généraux des trois partis considérés comme les principaux partis de l'opposition ; il a reçu également le président de la Ligue des droits de l'homme, le secrétaire général de la centrale syndicale UGTT et le secrétaire général de l'Union des étudiants. Il s'agit de faire un tour d'horizon afin d'émettre ensuite un avis sur la mise en place du processus démocratique à venir.

Mustapha Ben Jaafar est le secrétaire général du FTDL (Forum Démocratique pour le travail et les libertés), un parti fondé en 1994, reconnu en 2002 comme parti de l'opposition et membre de l'internationale socialiste. Il raconte son entretien avec le Premier ministre et les points qui restent à discuter.

La consultation n'a pas été étendue à tous les mouvements politiques

Ainsi Hamma Hamammi, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie, un parti interdit sous Ben Ali, n'a lui pas été convoqué par le Premier ministre. Il rejette le président par intérim du pays.   

Enfin, comme le rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix, le leader islamiste Rached Ghannouchi se prépare à rentrer en Tunisie et appelle aussi à la formation d'un gouvernement d'union nationale.

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