Avec nos envoyées spéciales
C’est comme si le temps s’était arrêté, samedi 15 janvier, au cœur de Tunis... Les débris de bombes lacrymogènes jonchent le sol, il y a aussi des pierres et des verres brisés, traces des manifestations d’hier. La circulation est bloquée et seuls des tirs qui retentissent au loin brisent le silence pesant.
Avec plusieurs tanks et camions, l’armée contrôle les abords du ministère de l’Intérieur. Autour de l’avenue Bourguiba, et de l’ambassade de France notamment, ce sont des hommes en civils, habillés de nouveaux gilets blancs avec l’inscription « police », et équipés de batons, qui sont déployés. Comme s’il y avait une volonté de bien identifier chaque force en présence.
Tunis tourne lentement la page Ben Ali
L’armée serait d’ailleurs lancée dans une chasse aux miliciens qui ont terrorisé plusieurs quartiers hier dans la capitale. Les réseaux sociaux, ici, ont recensé énormément de cas de saccages dans Tunis mais aussi sa banlieue, toujours orchestrés par des partisans de Ben Ali ou des policiers, selon les témoins.
Et puis avec la nuit et le couvre-feu, revient aussi la crainte des pillages et des attaques de bandes armées. Plusieurs quartiers se sont organisés aujourd’hui pour réunir des armes de fortune, et parer à toute attaque de ceux qu’on appelle ici « les forces occultes ».
Dans les hôtels, les portraits du président, hier omniprésents, ont disparu. L’immense portrait situé devant la cathédrale a été décroché également, à l’heure de la prière. Dans la banlieue de Gammarth, les demeures des gendres de Zine el-Abidine Ben Ali ont été saccagées, et livrées aux habitants, qui ont même profité de leur piscine.
Ce samedi soir, des hélicoptères de l’armée tournent dans le ciel et toutes les dix ou quinze minutes, on entend des tirs de kalachnikovs.