En Tunisie, l'incertitude reste le maître-mot au lendemain de la fuite de Ben Ali

Le président du Parlement tunisien, Foued Mebazaa, vient d'être désigné président par intérim de la Tunisie après que le Conseil constitutionnel tunisien a déclaré le pouvoir vacant suite au départ de Zine el-Abidine Ben Ali, vendredi 14 janvier 2011. Le Conseil a ainsi définitivement écarté l'ex-président du pouvoir. Ce 15 janvier, des scènes de pillage se sont reproduites.  Dans la capitale, Tunis, la principale artère, l'avenue Bourguiba, est bouclée et les bâtiments publics sont protégés par l'armée.

Avec nos envoyées spéciales à Tunis

Depuis le départ de Zine el-Abidine Ben Ali, hier vendredi, tout va très, très vite. Un nouveau président de transition vient d’être désigné ; il s’agit de Foued Mabazaa, le chef de l’Assemblée nationale. En fait, le Conseil constitutionnel a constaté, ce samedi 15 janvier 2011, la vacance du pouvoir et a fait intervenir l’article 57 de la Constitution, qui est appliqué dans ce cas, et selon lequel le président de la Chambre Haute doit être désigné président par intérim.

Donc deux certitudes aujourd’hui : l’ordre constitutionnel est rétabli, en tout cas pour le moment, et Zine el-Abidine Ben Ali qui a fui en Arabie Saoudite le 14 janvier est définitivement exclu du pouvoir.

Pour le reste, beaucoup d’incertitudes encore. Foued Mebazaa ne s’est pas encore exprimé devant la population, et selon la Constitution, il doit désormais organiser des élections générales, dans un délai de deux mois maximum.

On peut aussi se poser la question de savoir si cela va apaiser les esprits. Pour le moment, cela reste difficile à dire, car la situation demeure extrêmement tendue et fébrile ici, à Tunis.

Tunis est toujours bouclé

Depuis la levée du couvre-feu, le cœur de Tunis est toujours bouclé. La zone qui entoure le ministère de l’Intérieur est en fait interdite d’accès par la police et l’armée depuis le début de la matinée du samedi 15 janvier 2011. Trois tanks sont stationnés devant ce ministère et au bout de l’avenue Bourguiba. Les hélicoptères de l’armée survolent toujours la ville.

Autour du siège du syndicat de l’UGTT, qui était au cœur de la contestation ces dernières semaines, la zone a été bouclée par la police et des tirs d’armes automatiques ont été entendus. Les magasins sont fermés alors que Tunis s’est réveillé dans la fébrilité. La plupart des gens, ici, n’ont pas fermé l’œil de la nuit, par peur de ces milices qui sèment visiblement la terreur depuis hier soir.

Ces histoires de pillages sont dans toutes les bouches. Et c’est visible, dans le centre- ville, des magasins ont été incendiés et pillés. Il y a des pierres, des morceaux de verre et des pneus brûlés un peu partout. Les Tunisiens sont unanimes. Selon eux, ce sont des hommes à la solde de l’ex-président Ben Ali, des policiers et des partisans qui se vengent et veulent semer la terreur pour les punir, en fait, du départ de Ben Ali. Cette information vient d'ailleurs d’être confirmée par un diplomate français en poste ici.

On peut le voir, même si l’ordre constitutionnel est rétabli, rien n’est encore réglé. La sécurité n’est pas assurée. Tout le monde a peur du chaos. Et puis certaines sources parlent, à l’heure actuelle, de règlements de compte qui auraient lieu, entre l’armée et la police, ou encore de combats éventuels entre l’armée et la police, autour du ministère de l’Intérieur. La situation demeure très instable.

 

 

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