Tunisie: tour d'horizon des réactions à la fuite du président Ben Ali

Expectative, prudence, soulagement... les réactions officielles et non officielles à la fuite du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, -qui s'est réfugié en Arabie saoudite dans la nuit du 14 au 15 janvier 2011-, et aux violences de ces derniers jours en Tunisie, sont nombreuses. Tour d'horizon avec nos correspondants.

En France

A l'Elysée, le ton est très prudent. «La France prend acte de la transition constitutionnelle, souhaite l'apaisement et la fin des violences. Seul le dialogue peut aporter une solution démocratique et durable à la crise tunisienne» fait savoir la présidence dans un communiqué. Le président Sarkozy et le Premier ministre François Fillon se sont longuement réunis ce vendredi soir.

Les autorités françaises restent donc fidèles à leur ligne de conduite : prudence et retenue. Les membres de l'opposition tunisienne en France et des associations de défense des droits de l'homme ont dénoncé ces derniers jours le silence de l'ancienne puissance coloniale, jugée trop complaisante à l'égard du président déchu après la mort de dizaines de Tunisiens. De fait Paris a attendu jeudi 13 janvier pour s'inquiéter de «l'utilisation disproportionnée de la violence» par les forces de l'ordre tunisiennes.

A droite également, Marielle de Sarnez regrette la lenteur de la réaction française.

Du côté de l'opposition, Noël Mamère parle d'une «révolte encourageante» du peuple tunisien contre un «clan qui s'était accaparé le pouvoir et l'argent». «La priorité pour la France, pour toutes les forces politiques françaises, c'est d'aider le peuple tunisien au rétablissement de la paix sociale et de la démocratie», conclut-il.

 

Du côté de l'UE, le nouveau service diplomatique européen suit le déroulement des événements en Tunisie avec une grande attention et beaucoup de prudence. Les Européens ont appelé au calme et à la retenue toutes les parties concernées nous rapporte notre bureau de Bruxelles.

A Londres, William Hague, ministre des Affaires étrangères engage la Tunisie à organiser des élections «libres et équitables».

En Algérie, avec notre correspondant à Alger

Les Algériens ont suivi de jour en jour, par les chaînes de télévision satellitaires et internet, le déroulé de la révolte tunisienne. Le départ du président Ben Ali a été applaudi tandis qu’au niveau officiel, on observe une réserve depuis le début de la contestation sociale. Le silence du gouvernement algérien est total. Une retenue sans doute motivée par la volonté d’éviter tout malentendu avec un voisin avec lequel Alger à une frontière terrestre de plus de 900 km. Un silence officiel observé, pour le moment, malgré la mort d’un Algérien de 42 ans, tué jeudi 13 décembre au soir à Tunis très vraisemblablement dans la répression du mouvement de contestation.

Par contre, la presse privée, à côté des récits factuels, s’est longuement étendue sur la nature dictatoriale du régime Ben Ali et sur la corruption de son entourage immédiat. Cette presse s’est également interrogée sur les différences entre les révoltes sociales en Algérie et en Tunisie : contrairement à l’Algérie, la révolte sociale tunisienne a impliqué des élites, s’est appuyée sur le syndicat et une société civile active.

 

Outre-Atlantique, Barack Obama fait entendre sa différence et salue le courage du peuple tunisien nous rapporte notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes

«Nous nous souviendrons longtemps des images du peuple tunisien cherchant à faire entendre sa voix»... Dans le communiqué publié vendredi 14 janvier en fin d'après-midi par la Maison Blanche, Barack Obama salue «le courage et la dignité» du peuple tunisien...

Le président américain appelle désormais chaque partie à garder son calme, à éviter toute forme de violence. «Le gouvernement doit respecter les droits de l'Homme... et organiser dans un avenir proche des élections libres et justes qui reflèteront la volonté des Tunisiens» écrit encore Barack Obama dans ce texte où le nom du président Ben Ali n’est pas une seule fois cité. John Kerry, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, avance que le départ du président Ben Ali aura des «répercussions bien au-delà des frontières du pays».

A Washington, c'est un peu comme si la page était tournée. Vendredi soir les abords de l’ambassade tunisienne aux Etats-Unis étaient redevenus bien plus calmes que les jours précédents. Les manifestants anti-Ben Ali avaient quitté les lieux et ne restaient que quelques fleurs accrochées aux grilles de l’ambassade et une pancarte posée sur le sol sur laquelle on pouvait lire : « Enfin libres ! »

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