Tunisie : les violences se rapprochent de la capitale

En Tunisie, le bilan officiel des émeutes continue de s'alourdir : 21 morts selon les autorités, une cinquantaine selon un syndicaliste, Sadok Mahmoud. Mais ce qui est sûr, c’est que 24 heures après le discours du président Ben Ali la situation ne semble pas s’apaiser. Les affrontements s'étendent et ont atteint pour la première fois une banlieue de Tunis, la capitale.

C’est à la tombée de la nuit que les heurts ont commencé. Selon des témoins joints par l’AFP des groupes de jeunes auraient brûlé un bus et se seraient attaqué à des commerces, ainsi qu’à une banque. La police, elle, a utilisé des gaz lacrymogènes et des tirs de semonce.

Ettadamoun, située à 15 km de Tunis, est une banlieue populaire. C’est la première fois que des accrochages violents ont lieu si près de la capitale. Tunis jusqu’ici avait été relativement épargnée par les émeutes. Mais il est vrai que le 11 janvier toute la journée l’ambiance était électrique. Le centre-ville était quadrillé par la police, notamment après, un appel à manifester lancé sur internet.

Tout l’après-midi, la police a donc systématiquement dispersé et empêché tout regroupement : celui d’artistes notamment qui ont voulu se rassembler devant le théâtre national, ou le sit-in du syndicat des journalistes. Une centaine d’entre eux voulaient protester contre la violence des forces de l’ordre, ils se sont retrouvés encerclés par la police toute la journée.

Mais malgré ce bouclage du centre-ville, les heurts dans la banlieue de Tunis, montrent une fois encore que la contestation n’est pas terminée. Et que la répression et les promesses du président Ben Ali n’ont pas suffi à faire taire, pour le moment, la colère des Tunisiens. Est-ce la raison pour laquelle le porte-parole a donné une conférence de presse mardi soir ? Sur un ton moins agressif que le président Ben Ali, celui-ci a promis que les manifestations pacifiques étaient toujours autorisées.

Réactions modérées à l'étranger

Les Etats-Unis s'inquiètent d'un usage excessif de la force en Tunisie : déclaration d'un porte-parole du département d'Etat. L'Union européenne est sortie mardi de son silence. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé « à la retenue dans le recours à la force et au respect des libertés fondamentales » et a réclamé «la libération immédiate des bloggeurs, journalistes, avocats et autres personnes détenues ». En Grande-Bretagne, on appelle à résoudre la situation pacifiquement.

Et fait marquant, depuis le début de la crise, la France, -l'ancienne puissance coloniale-, a réagi très modérément. Réaction qui s'explique par les liens entre les deux pays, mais que dénoncent les associations de défense des droits de l'homme. La responsable de la diplomatie française a déclaré que la France ne peut que déplorer les violences  « notre premier message doit être celui de l'amitié » entre les peuples français et tunisien a affirmé Michèle Alliot-Marie.

De son côté, le ministre français de l'Agriculture  a estimé mardi, à propos de la situation en Tunisie, qu'« avant de juger un gouvernement étranger » mieux valait « bien connaître la situation ». Bruno le Maire a défendu le président tunisien, estimant que Zine el Abbedine Ben Ali est « souvent mal jugé », et qu'il avait « fait beaucoup de choses ». Malgré l'aggravation du bilan des émeutes, le gouvernement français maintient une ligne,  disons, de modération et appelle à l'apaisement.

 

 

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