Violences en Tunisie : les politiques donnent à leur tour de la voix

Alors que le week-end s'est révélé particulièrement sanglant en Tunisie avec officiellement 14 morts dans les villes de Kasserine, Thala et Regueb, les troubles sociaux s'aggravent. Depuis quatre semaines l'agitation ne cesse de prendre de l'ampleur et pour la première fois, les manifestants s'en prennent aux bâtiments officiels et aux symboles du pouvoir.

C'est une révolte sans précédent que connaît la Tunisie, du jamais vu depuis les émeutes du pain en 1984. Les troubles qui ont commencé à Sidi Bouzid se sont étendus à plusieurs localités et grandes villes du pays. Ce week-end, à Kasserine et Thala à l'ouest, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont dégénéré en bain de sang. Ils ont fait entre 14 et 20 morts selon les sources. Les habitants interrogés parlent de tirs à balles réelles, et de répression aveugle.

Plusieurs tabous sont en train de tomber en Tunisie. On a brûlé des portrait du président Ben Ali, saccagé des locaux de son parti, le RCD. Toutes choses encore impensables il y a un mois ; même les partis d'opposition autorisés, d'ordinaire très prudents, ont osé critiquer le président et sa politique. Le chef du PDP et celui de l'UDU exigent l'arrêt immédiat des tirs à balles réelles contre les civils.

Si l'Etat contrôle toujours la parole publique, le black out médiatique commence à se fissurer et pas seulement dans la blogosphère. Une télévision privée s'est même risquée il y a deux semaines à organiser un débat sur les troubles sociaux. Après quatre semaines de troubles, l'UGTT, la grande centrale syndicale, a exprimé son soutien aux revendications des populations. Mais aujourd'hui certains de ses responsables veulent aller plus loin et commencent à évoquer l'organisation d'une grève générale.

 

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