La Côte d’Ivoire au menu d’un sommet extraordinaire de la Cédéao

Ce vendredi 24 décembre 2010, à Abuja au Nigeria, les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) tiennent un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire. De nouvelles sanctions contre Laurent Gbagbo vont être prises.

Des sanctions graduelles, c'est l'option choisie par les chefs d'Etat de l'organisation sous-régionale qui ont déjà suspendu la Côte d’Ivoire de ses rangs et demandé au président sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.

Selon le porte-parole de l'institution, les pays de la Cédéao « souhaitent à présent examiner les derniers développements et voir comment y apporter une réponse collective ».

Il faut dire que depuis leur sommet du 7 décembre dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé de six mois le mandat de sa force en Côte d’Ivoire contre l'avis de Laurent Gbagbo qui réclamait son départ.

Il s'agit donc pour la Cédéao d'augmenter le nombre de ses hommes dans cette mission. Ces renforts, selon nos informations, seraient pré-positionnés au Ghana. Leur mission, précise-t-on, n'est pas de renverser Laurent Gbagbo, mais de le dissuader d'utiliser la force.

Alors que des voix s'élèvent pour demander de déloger Laurent Gbagbo par la force, nombre de chefs d'Etat de la région assurent que l'usage de la force ne sera pas nécessaire. Pour eux, un renforcement de l'Onuci assorti de pressions diplomatiques devrait suffire.

Ainsi, dans le sillage des Nations unies qui ont accepté les lettres de créances de Youssouf Bamba nouvel ambassadeur nommé par Alassane Ouattara, les pays de la région devraient en faire de même.

A Abidjan, tous les regards sont tournés vers Abidjan

Dans les faits à Abidjan, Laurent Gbagbo conserve le contrôle l’échiquier, notamment grâce à ses pions militaires, mais aujourd’hui la partie se joue loin de la lagune Ebrié. Et cela déplaît réellement aux caciques du régime en place.

Dans l’entourage d’Alassane Ouattara, on se défend de jouer gros sur cette réunion de la Cédéao (la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), mais en réalité les pensionnaires de l’hôtel du Golf espèrent très fortement que les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest décideront d’envoyer des troupes pour que le président, reconnu par la communauté internationale, puisse s’installer au palais.

Si avec l’appui des Etats-Unis et de la France, le Nigéria, le Burkina Faso et le Sénégal poussent en ce sens, tous les pays de la sous-région ne sont pas encore convaincus du bien fondé d’une telle action. La Gambie s’est officiellement prononcée contre toute ingérence dans les affaires politiques ivoiriennes. Et selon nos informations, le Mali, notamment par crainte de représailles contre ses nombreux ressortissants en Côte d’Ivoire, ne serait pas très favorable à une opération militaire.

Quoi qu’il en soit, si finalement les tenants de la mise en place d’une force de la Cédéao venaient à vaincre ses réticences ou ses oppositions, l’envoi de centaines ou de milliers de soldats devrait prendre du temps, sûrement un à deux mois. La crise postélectorale ivoirienne ne fait peut-être que commencer.

 

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