Présidentielle en Guinée : Coyah, déçue des consignes de vote

La CENI a publié ce mardi 9 novembre des résultats très partiels (1/10e du corps électoral) dont il ressort au moins une chose : le report des voix entre Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, alliés du second tour, ne s’est apparemment pas fait aussi bien que les deux leaders ne l’espéraient. Reportage à Coyah, à 50km de Conakry, où la perte de voix de l’alliance « Cellou Dalein président » a été particulièrement importante.

Au marché de Coyah, les activités ont repris normalement au lendemain de la publication des résultats provisoires. Les moto-taxis vont et viennent. Epiciers et vendeurs de fagots de bois s’affairent. Un tailleur coupe des pagnes colorés. Activité normale et pourtant c’est un mini-séisme politique qui s’est produit hier mardi 9 novembre.

Les résultats annoncés par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) montrent qu’à Coyah, pourtant fief de Sidya Touré, les électeurs ont refusé de suivre les consignes de vote en faveur de Cellou Dalein Diallo au second tour. 22 845 voix pour Dalein. 35  432 pour Condé. L’alliance « Cellou Dalein président » a obtenu dans la circonscription la moitié de ce qu’elle pouvait espérer si le report des suffrages s’était bien déroulé.

Au marché, une vendeuse de pastèques explique en langue soussou qu’après l’incident qui s’est produit à Coyah entre militants de l’UFR (le parti de Sidya Touré) et militants de l’UFDG (le parti de Dalein) au moment du premier tour, elle n’a pas pu accepter l’alliance entre les deux leaders. « Sidya a fait cela dans son intérêt personnel, pas dans celui de la population », lance-t-elle.

Dans un bar-café, un homme explique qu’il aurait souhaité être consulté avant cette alliance, qu’il aurait voulu que les militants et les sympathisants de l’UFR soient associés à cette décision, ce qui, selon lui, n’a pas été le cas.

Une vendeuse de riz, très laconique, se contente d’ajouter « Moi c’est Alpha qui me plaisait. C’est pour cela que j’ai voté pour lui ».

Un observateur de la scène politique locale explique que l’Alliance arc-en-ciel (qui soutient Alpha Condé) a bénéficié ici d’un soutien de taille : celui de la « coordination de Basse-Guinée » qui rassemble selon cette source des notabilités de la région. Une coordination qui a pesé pour convaincre les électeurs.

Alpha Condé, selon ce même observateur, a également séduit les populations en leur parlant en langue soussou et en se présentant comme leur « neveu ». Sa mère est en effet originaire de la localité de Boké, en Basse-Guinée.

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