La grève des fonctionnaires sud-africains se poursuit. Une majorité de syndicats ont rejeté, jeudi, la dernière offre du gouvernement. Les fonctionnaires sont déjà dans leur troisième semaine de grève. Ecoliers et malades sont les principales victimes de ce mouvement social. De nombreux établissements scolaires ont dû fermer leurs portes et les hôpitaux fonctionnent au ralenti depuis le 18 août. Faute de personnel médical, quelque 4 000 militaires ont été déployés dans 61 grands hôpitaux publics afin d'assurer le service minimum. Pour les syndicats, il est donc maintenant urgent de trouver une position commune.
Le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), la plus importante centrale syndicale du pays, a rejeté l'offre du gouvernement. L'Independent labour caucus (ILC), la deuxième confédération est, elle, divisée. Seule la moitié de ses membres est prête à accepter la proposition de l'Etat. Les autorités promettent une hausse de salaire de 7,5%, contre 7% auparavant, et une allocation logement mensuelle de 800 rands (près de 865 euros), au lieu des 700 rands (75 euros) initialement prévus. Cette nouvelle avance représenterait déjà un coût supplémentaire de 7 milliards de rands (751 millions d’euros) pour le budget de l’Etat. En même temps, le gouvernement de Jacob Zuma veut faire des efforts pour réduire le déficit public.
Tous les partenaires sociaux ont pourtant accepté de s'asseoir à nouveau autour de la table des négociations ce vendredi 3 septembre. Et les ouvriers du privé ne vont pas arrêter de travailler pour le moment. La Cosatu avait menacé de durcir le mouvement la semaine dernière. Mais elle a suspendu jeudi 2 septembre son appel à une grève de solidarité dans les autres secteurs de l'économie. Le puissant syndicat des mineurs (NUM) a ainsi décidé de retarder son débrayage de 24 heures. Le NUM veut donner assez de temps aux deux parties pour tenter de trouver un compromis.
Sibusiso bat à nouveau le pavé dans le centre ville de Johannesburg. Après plus de trois semaines de grève, cet administrateur dans l'éducation nationale ne comprend pas pourquoi le gouvernement n'entend pas les demandes des grévistes : « Nos ministres devraient, peut-être pendant un mois, vivre dans une petite pièce dans une arrière-cour, où ils feraient la cuisine, où ils dormiraient et se laveraient dans la même chambre avec femme et nouveau-nés. Comme cela, ils pourraient comprendre ce que nous ressentons. Parce que leurs 700 rands d'allocation logement, c'est le loyer d'une petite chambre comme celle-là ».
Pour Joe Mpisi, l'un des leaders de la Cosatu, la grande centrale syndicale sud-africaine, le mouvement social va encore se durcir et les piquets de grève se multiplier : « Nous avons besoin d'une meilleure offre que 7,5%. Quelque chose que l'on puisse présenter à nos membres. Nous voulons toujours 8,6% de revalorisation salariale, 1 000 rands (107 euros) d'allocation logement, une meilleure sécurité sociale, le tout rétroactif au 1er avril 2010. Maintenant nous souhaitons une intervention politique du gouvernement ».
Jeudi 2 septembre, le Forum des médecins sud-africains a demandé aux partenaires sociaux de trouver un compromis le plus rapidement possible : les malades souffrent terriblement du manque de personnel médical. Les associations de parents d'élèves appellent aussi les enseignants à rejoindre les salles de classe.
Mais ce n'est que lundi 6 septembre que le gouvernement et les syndicats doivent se rencontrer pour poursuivre les négociations.