Selon la Constitution guinéenne, le second tour de la présidentielle aurait dû se tenir ce mercredi 4 août 2010, soit 14 jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour qui s’est déroulé le 27 juin dernier. En visite à Conakry, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la crise guinéenne, a proposé, mardi, au président guinéen Sékouba Konaté et à son Premier ministre Jean-Marie Doré, qu'on accélère le mouvement. S’exprimant devant tous les acteurs de la transition, Blaise Compaoré n'a pas eu assez de mots pour encourager les autorités guinéennes à organiser au plus vite le second tour de la présidentielle.
En recevant le président Compaoré, le général Sékouba Konaté, président de la transition, savait qu’il avait un soutien de poids pour neutraliser ceux qui veulent prolonger la transition. Il remercia au passage le médiateur qui lui a rendu visite entre les deux tours de la présidentielle, à qui il a été heureux d’expliquer le chemin parcouru : « C’est vrai que le scrutin n’a pas été parfait. Mais il a permis de nous engager davantage à aller de l’avant et à terminer l’œuvre historique que vous et nous– et nos partenaires – avons engagé pour une Guinée nouvelle et meilleure ».
Blaise Compaoré a été satisfait du respect de la parole donnée par le général Konaté, mais il a mis en garde les acteurs de la transition : « Nous souhaitons que ce deuxième tour s’organise. Nous allons le dire le plus rapidement possible. Si vous laissez dans des élections aussi majeures, entre deux tours, beaucoup d’espace, beaucoup de temps, vous allez voir se créer d’autres illusions qui vont perturber le processus ». Interrompu par des applaudissements, le médiateur burkinabé a poursuivi : « Je suis là pour le dire à Monsieur le président, le dire à la Céni (Commission électorale nationale indépendante), le dire aux autres candidats, parce que nous sommes sur le bon chemin ».
La société civile veut que le second tour se déroule le 22 août
Si Blaise Compaoré n'a pas proposé de date précise pour la tenue du second tour de la présidentielle guinéenne, le Mouvement social guinéen (MSG) qui regroupe les principaux syndicats du pays, le patronat et la société civile, s'avance un peu plus. Le MSG a ainsi demandé à la Commission électorale nationale indépendante d'organiser le second tour « au plus tard le 22 août ». Le Mouvement estime que « le silence inquiétant sur la date du second tour constitue une menace pour la transition. Et les agissements de certains démontrent une volonté manifeste de compromettre le processus » de sortie de crise.
Lors d’un entretien à RFI, Mamadou Taran Diallo, porte-parole du Conseil national des organisations de la société civile et du mouvement social, a expliqué que « le Mouvement social guinéen estime et lance un appel, un plaidoyer pressant, pour que l’élection présidentielle se tienne dans les meilleurs délais. Normalement, tout devrait être en place pour que l’élection se passe le 22. Si tel n’est pas le cas, le MSG se réunira et évaluera la situation pour savoir si des difficultés réelles ont été rencontrées. Et, à défaut, il en tirera les conséquences et envisagera des dispositions à prendre, (mobilisation citoyenne), pour la poursuite du processus de démocratisation en Guinée ». Toutefois, Mamadou Taran Diallo a refusé l’idée de manifestations pour demander à ce qu’on fixe la date du second tour.