Pour ce second tour tant attendu, Cellou Dalein Diallo fait arithmétiquement figure de favori. Fort de ses 43 % du premier tour, le leader de l'UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) pourra compter sur les soutiens de Sidya Touré, qui a totalisé plus de 13% des suffrages, et de plusieurs autres plus petits candidats ayant séduit quelques milliers d'électeurs.
Alpha Condé est lui dans la peau de l'outsider. Pour espérer l'emporter, le patron du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée), n'a pas ménagé ses efforts afin d'engranger des ralliements. Parmi la quinzaine de candidats qui l'ont rejoint, les plus significatifs en termes de voix sont Lansana Kouyaté et Papa Koly Kourouma qui avaient respectivement obtenu 7 et 5,7 % des suffrages lors du premier tour. Pour combler son retard, l'opposant historique mise également sur les centaines de milliers d'électeurs qui se sont abstenus ou dont le vote a été invalidé lors du scrutin du 27 juin.
Alpha Condé se déclare sûr de sa victoire et rappelle le taux d'abstention et les votes annulés du premier tour. Il affirme que c'est le représentant de l'UFDG à la CENI qui a «subtilisé et caché les procès verbaux et refusé de les transmettre à la Cour suprême» et avoir déposé une plainte.
S'il est aujourd'hui bien difficile de savoir si les consignes de votes des perdants du
premier tour seront respectées par leurs électeurs déçus, les ralliements laissent clairement apparaître une fracture dans le paysage politique guinéen. Les candidats originaires de la Moyenne Guinée et de la Basse Côte se sont massivement rangés derrière Cellou Dalein Diallo alors que ceux venus de la Haute Guinée et de la Guinée forestière appellent à voter pour Alpha Condé.
A quand le second tour ?
Reste la question de la date du second tour. Cellou Dalein Diallo veut aller vite aux élections, si possible le 22 août. Alpha Condé, lui, voudrait que le scrutin soit un peu décalé pour règler les problèmes constatés au premier tour. Au sein des autorités de la transition, Jean-Marie Doré, le Premier ministre est, lui, favorable à un report plus lointain, peut être en décembre.
Selon certaines sources, le Premier ministre serait appuyé dans cette démarche par Tibou Camara, le secrétaire général de la présidence. Mais ce dernier dément et assure n'avoir aucune volonté de rallonger la transition.