Lutte contre al-Qaïda: Bernard Kouchner reçu par le président du Mali

Après la Mauritanie et avant le Niger, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner poursuit sa tournée dans les pays sahéliens après la confirmation, lundi, de l'exécution de l’otage Michel Germaneau. Le chef de la diplomatie française a été reçu ce mardi 27 juillet 2010 par le président malien Amadou Toumani Touré qui a insisté sur le rôle que doit jouer l’Afrique dans cette affaire.

Après quelques heures passées en Mauritanie, Bernard Kouchner s’est rendu au Mali. Le ministre français des Affaires étrangères est arrivé à Bamako lundi soir pour examiner avec les autorités locales et les ambassadeurs de France les mesures de sécurité a prendre pour les Français après l'exécution de l’humanitaire français Michel Germaneau par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Selon notre correspondant dans la capitale malienne, cette rencontre entre le ministre français et le président malien a commencé devant la presse. Kouchner tutoyait le président malien et, ensuite, tout le monde est sorti pour laisser les deux pour un tête-à-tête qui aura finalement duré environ 45 minutes, au Palais de la Présidence de Bamako.

Amadou Toumani Touré et Bernard Kouchner ont parlé plus sur l’avenir que du passé, donc plus de l’avenir que du raid franco-mauritanien qui s’est déroulé sur le territoire malien le 22 juillet dernier. Alors, pour l’avenir, en matière de sécurité, Bernard Kouchner a annoncé que Paris allait renforcer sa coopération avec le Mali. Il est notamment question de création d’une Force d’intervention rapide. Maintenant, sur le plan sous-régional, ce qui était intéressant c’est que le président du Mali a dit au ministre français, qui l’a reconnu devant la presse, que Bamako souhaite en fait une action plus concertée à l’avenir, avant le lancement d’une attaque contre des positions d’AQMI et que, dans cette optique, le Mali insiste sur le rôle que doit jouer l’Afrique dans l’affaire.

Il faut noter qu’il y a, aujourd’hui, dans le sud de l’Algérie, un état-major commun à plusieurs pays, notamment le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et le Niger. Le Mali souhaite que le « hub », la plateforme de cette lutte contre al-Qaïda dans la sous-région, soit plutôt installée à Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie. A ce sujet, Bernard Kouchner a dit qu’il était tout à fait d’accord avec le président de la République du Mali et qu’il faut coordonner davantage les efforts pour pouvoir vaincre AQMI dans cette partie de l’Afrique.

Bernard Kouchner se rendra ensuite à Niamey, au Niger.

Lors de son allocution télévisée confirmant la mort de l'otage français, lundi 26 juillet, Nicolas Sarkozy a promis que cet « acte barbare » ne resterait pas « impuni ». Le président français a laissé entendre qu'il n'excluait pas des représailles contre AQMI et a aussi instamment demandé à tous les Français de ne plus se rendre dans le Sahel.

Ce mardi matin, le Premier ministre français François Fillon, invité  d'Europe 1, a émis une hypothèse selon laquelle Michel Germaneau était peut-être mort depuis au moins deux semaines, depuis le jour ou al-Qaïda au Maghreb islamique a lancé son ultimatum du 12 juillet. François Fillon a précisé que ce n’était qu'une supposition.

Une des conséquences de cette exécution, c'est bien sûr les problèmes que cela pose aux humanitaires sur le terrain. Un volontaire français de l'association Masnat qui aide notamment a la formation à la santé des Touaregs au Niger a accepté de témoigner, aux micros de RFI, sous couvert d'anonymat. Il était au Niger en même temps que Michel Germaneau et a notamment affirmé que dans son association « l’ensemble des activités de terrain est fait par les Touaregs eux-mêmes. Sur place, il n’y a aucune conséquence directe parce que les otages ne sont pas pris parmi les Nigériens ou les Touaregs ».

Concernant les conséquences pour les Européens, pour les Français, le même volontaire a souligné que « c’est évident que ce risque existait depuis un certain temps et maintenant ça va faire un peu plus peur. Nous discutons les uns et les autres : est-ce qu’on y va en octobre-novembre ? Moi j’avais décidé, pour des raisons de prudence de ne pas y aller. J’ai d’autres amis qui ont créé d’autres associations qui, eux, vont certainement y aller. C’est évidement risqué, cet endroit-là, surtout si vous restez sur place pendant plusieurs jours. C’est peut être le plus grand danger. J’y étais en même temps que lui (Michel Germaneau), mais je me déplaçais tous les jours ».

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