Omar el-Béchir au Tchad, Ndjamena refuse de l'arrêter pour la CPI

Le président soudanais Omar el-Béchir, visé par des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour, est arrivé mercredi 21 juillet 2010 au Tchad. Le gouvernement d'Idriss Déby reconnaît la CPI mais refuse d'arrêter son hôte et voisin.« Ma présence à Ndjamena témoigne de notre volonté de tourner la page après les différends qui ont opposé nos deux pays », a annoncé Omar el-Béchir.

 

C'est Idriss Déby Itno qui est venu en personne accueillir son homologue soudanais, avec tous les honneurs dûs à un chef d'Etat, mais en l'absence de l'ambassadeur de France, Bruno Foucher, et de la chargée d'affaires des Etats-Unis, Sue Bremner.

Ils étaient présents, peu avant l'arrivée de l'avion présidentiel soudanais, mais ils ont quitté le tarmac quand la présence d'el-Béchir a été confirmée. Selon le programme officiel, le président soudanais vient participer au sommet des chefs d'Etat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), qui se tient jusqu'à la fin de la semaine.

« Ce n'est pas au Tchad qu'el-Béchir sera arrêté »

Après cinq ans de guerre par groupes rebelles interposés, le Tchad et le Soudan ont signé mi-janvier 2010 un accord assorti d'un « protocole de sécurisation des frontières ». Depuis, Ndjamena s'aligne sur la position de l'Union africaine (UA), qui a décidé de ne pas coopérer avec la CPI, après l'émission, en mars 2009, du premier mandat contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

« Ce n'est pas au Tchad qu'el-Béchir sera arrêté », a martelé le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir, ajoutant : « le Tchad est un Etat souverain et indépendant. (...) Nous ne dépendons pas des injonctions des organisations internationales ».

« L'un des jours les plus tristes pour la population du Darfour »

Le Tchad a ratifié le statut de Rome, acte fondateur de la CPI, ce qui lui permet d'arrêter des personnes poursuivies par la Cour voyageant sur son territoire. Cet engagement a été rappelé par les organisations de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, qui ont exhorté Ndjamena à profiter du séjour de Béchir pour le livrer à la CPI.

La visite au Tchad du président soudanais représente « l'un des jours les plus tristes pour la population du Darfour », a estimé le chef historique de la rébellion dans cette région, Abdelwahid Mohammed Nour, chef de l'Armée de libération du Soudan (SLA), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour.

 

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