C'est Idriss Déby Itno qui est venu en personne accueillir son homologue soudanais, avec tous les honneurs dûs à un chef d'Etat, mais en l'absence de l'ambassadeur de France, Bruno Foucher, et de la chargée d'affaires des Etats-Unis, Sue Bremner.
Ils étaient présents, peu avant l'arrivée de l'avion présidentiel soudanais, mais ils ont quitté le tarmac quand la présence d'el-Béchir a été confirmée. Selon le programme officiel, le président soudanais vient participer au sommet des chefs d'Etat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), qui se tient jusqu'à la fin de la semaine.
« Ce n'est pas au Tchad qu'el-Béchir sera arrêté »
Après cinq ans de guerre par groupes rebelles interposés, le Tchad et le Soudan ont signé mi-janvier 2010 un accord assorti d'un « protocole de sécurisation des frontières ». Depuis, Ndjamena s'aligne sur la position de l'Union africaine (UA), qui a décidé de ne pas coopérer avec la CPI, après l'émission, en mars 2009, du premier mandat contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.
« Ce n'est pas au Tchad qu'el-Béchir sera arrêté », a martelé le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir, ajoutant : « le Tchad est un Etat souverain et indépendant. (...) Nous ne dépendons pas des injonctions des organisations internationales ».
« L'un des jours les plus tristes pour la population du Darfour »
Le Tchad a ratifié le statut de Rome, acte fondateur de la CPI, ce qui lui permet d'arrêter des personnes poursuivies par la Cour voyageant sur son territoire. Cet engagement a été rappelé par les organisations de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, qui ont exhorté Ndjamena à profiter du séjour de Béchir pour le livrer à la CPI.
La visite au Tchad du président soudanais représente « l'un des jours les plus tristes pour la population du Darfour », a estimé le chef historique de la rébellion dans cette région, Abdelwahid Mohammed Nour, chef de l'Armée de libération du Soudan (SLA), un des deux principaux groupes rebelles du Darfour.