Depuis 1986 la chasse à la baleine est interdite par la CBI, en dehors de la chasse traditionnelle et de la chasse scientifique, que le Japon utilise comme couverture pour la chasse commerciale en Antarctique. Mais la Norvège, en revanche, qui a rejeté le moratoire, continue à chasser ouvertement pour le commerce.
La Commission baleinière internationale compte actuellement 88 pays divisés en 2 groupes : les pro-chasse, avec le Japon et la Norvège, et les anti-chasse, dont la plupart des pays européens et l’Australie. La présidence de la CBI va donc proposer un compromis qui prendrait en compte tous les types de chasse, dans le but de débloquer la situation entre les 2 groupes. Mais pour les Organisations non gouvernementales qui défendent les baleines, cette proposition fait craindre un retour arrière par rapport au moratoire actuel, comme l’explique Jacky Bonnemains de l’ONG Robin des bois.
Depuis 2009, environ un millier de baleines ont été tuées par le Japon pour des raisons dites « scientifiques », mais qui ne relèvent pas réellement de la chasse scientifique. En Antarctique, les baleiniers japonais sont des bateaux de 150m de long, chacun accompagné d’une douzaine de « catcheurs », de petits bateaux équipés de harpons et de lances électriques, et d’un bateau usine qui débite la viande de baleine au fur et à mesure, viande rapportée au Japon par bateau pendant toute la saison de chasse.
Face à cette situation, la France soutient la recherche d’un compromis pour sortir de l’impasse. Elle rejette complètement la chasse scientifique, en particulier dans le sanctuaire de l’océan austral, où les baleines se reproduisent, comme l’explique Stéphane Louhaur du ministère des Affaires étrangères. Il représente la France à la CBI et est chargé de négocier le compromis proposé par le président de la commission.
La négociation risque donc d’être difficile pendant cette conférence. Il faut notamment tenir compte de l’efficace lobbying des Japonais. Les pays pro-chasse représentent aujourd’hui environ la moitié des participants, et il faut un quorum de 2/3 pour adopter le compromis, ce qui promet des moments de tension : Jacky Bonnemains, de l’ONG Robins des bois.
Il y a donc lieu de s’inquiéter, car si ce compromis de dix ans est adopté, on peut craindre que ce délai soit mis à profit par les pays pro-chasse, afin de développer des industries cosmétiques ou pharmaceutiques à base de baleine, ce qui ferait entrer beaucoup d’argent dans le jeu, et pourrait au final convaincre la majorité de l’intérêt de chasser la baleine au détriment de la conservation.
Certes, les baleines sont dans l’annexe 1 de la CITES, la convention qui régit le commerce international des espèces protégées, et leur commerce en est donc interdit , mais en dix ans, les pays pro-chasse pourraient aussi user de leur influence pour faire passer les baleines de l’annexe 1 à l’annexe 2, plus permissive.