De notre correspondante àMedellin
La bière allemande partage l'affiche avec celle de la Colombie : Club Colombia. Des poufs et des parasols à son effigie ont été installés au cœur du parc Juan Pablo II de Medellin. Le festival a ouvert ses portes à 14h et s'est clôturé à environ 2 heures du matin. Le temps de permettre à la jeunesse dorée de la ville de se retrouver autour d'une bière et de l'ambiance funk, hip hop, reggae, pop, mélangés aux rythmes latinos du groupe ChocQuibTown. Vu sa notoriété, il a été programmé en clôture pour assurer le succès du festival.
ChocQuibTown est une référence colombienne et internationale. Les Colombiens, de toutes catégories sociales ou origines confondues, l'apprécient car ce sont des ambassadeurs de la Colombie à l'étranger. En 2008, le trio avait, par exemple, collaboré avec le rappeur-poète Oxmo Puccino pour l'album Paris-Bogota. Mais, pour les Afrocolombiens, ce groupe représente une ouverture et un défenseur de la communauté.
ChocQuibTown : « Choco Quidbo, notre peuple»
En effet, que ce soit dans leurs clips, leurs textes ou à travers leur style musical, tout transpire leurs origines afrocolombiennes. Le nom du groupe lui-même y fait référence : « Choc» pour le département du Choco, « Quib» pour Quibdo sa capitale et « Town » pour « notre peuple ». Ce département est l'un de ceux qui concentre le plus d'afrodescendants. Le taux de pauvreté y est très élevé tout comme le chômage qui se rapproche des 16 %.
Alors, la réussite du groupe musical est perçue comme un outil de promotion de la communauté. Markos est venu spécialement pour les voir. « Ce groupe parle de nous, de nos racines, de notre culture. Tout le monde pensait que le Choco était un département d'esclaves, qu'il ne faisait pas partie de la Colombie. ChocQuibTown a montré que ce n'est pas que pauvreté, violence et drogue. Quand j'étais petit ça n'a pas toujours été facile. Maintenant je suis plus fier de mes racines du Choco et je les assume mieux. »
Gloria explique que la musique de ce groupe « a de la saveur, comme on dit chez nous. Leurs chansons sont très romantiques. Ils parlent beaucoup de leur région et cela montre une image très positive du pays.» Son amie Catalina confirme cette idée : « ChocQuibTown est vraiment un groupe génial. Sa musique accroche énormément, le rythme accroche. C'est important parce que ce groupe est comme une carte postale du pays et il parle beaucoup des faits sociaux.»
« Ce groupe transgresse les frontières de la couleur »
Ces Colombiennes originaires de Medellin, à la peau crème, sont venues avec une troisième amie qui a des origines du Choco. Elle aussi s'appelle Catalina, mais avec la peau ébène : « Ce sont les ambassadeurs des noirs ici. On s'identifient beaucoup à eux et ils nous représentent bien. Ce groupe transgresse les frontières. Il montre que, plus que la couleur, ils ont le talent. »Ses trois copines reflètent ce mélange de cultures et d'origines inspirés par ChocQuibTown. Tout comme le public réunit dans le parc.
La capacité du parc de 8000 à 10000 personnes semble avoir été remplie. Le concert s'est joué à guichets fermés. Les fans étaient présents jusqu'à la clôture avec parapluies et imperméables pour écouter, sous la pluie, les paroles de la chanson emblématique de ChocQuibTown : De donde vengo yo (D'où je viens). Ce titre a été recomposé par le Grammy latino pour la meilleure chanson de musique alternative en 2010. Le refrain disait : « D'où je viens, (...) Tout le monde veut partir. Mais aucun n'y est arrivé. »