François Zahoui: «Cette génération a besoin de ramener quelque chose»

Alors que la Côte d'Ivoire entrera dans la Coupe d'Afrique des nations par une rencontre face au Soudan ce dimanche 22 janvier 2012, son sélectionneur François Zahoui estime que son équipe aborde la compétition avec détermination. Persuadé de la qualité de son groupe, il espère que les Eléphants apporteront leur pierre à l'unité ivoirienne en décrochant un deuxième titre continental, le premier avec Didier Drogba.

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Malabo

RFI : Vous êtes très attendus dans cette compétition, comment abordez-vous cette CAN 2012 ?
François Zahoui : Avec beaucoup de sérénité et de détermination. On a l’expérience aussi d’avoir souvent été attendus. Donc on sait ce qui nous attend. On est un pays qui a un statut important au niveau du football, comme le Ghana. C’est normal que la Côte d’Ivoire soit attendue.

RFI : On a l’impression que pour la génération des Drogba, c’est la dernière chance de remporter une CAN…
François Zahoui : Non, notre dernière chance, c’est un jugement un peu difficile. On essaye de tirer les conséquences des échecs passés depuis deux, trois CAN. La première, on était en finale, c’était quand même en Egypte et on a perdu aux tirs au but. Il faut respecter les lois du football. Les expériences du Ghana et de l’Angola ont également créé beaucoup d’attentes. Cette génération a effectivement besoin de ramener quelque chose au pays.

RFI : Justement, en Côte d’Ivoire il y a une grande attente. On entend dire qu’il faut la gagner cette Coupe.
François Zahoui : C’est normal que nos fans, nos supporters, et tout le peuple ivoirien attendent cette Coupe. Mais nous aussi on la veut. C’est bien qu’on soit en communion d’esprit avec tous les habitants de la Côte d’Ivoire. En tant que premier responsable de cette équipe dont je suis le sélectionneur, je sais effectivement l’importance d’une coupe d’Afrique et ce que cela apporte comme joie aux gens. Nous, on y va sereinement. On a des joueurs d’expériences qui savent qu’il faut donner son maximum sur le terrain.

RFI : Quelle est l’ambiance dans cette équipe. Certains évoquent des tensions entre des clans. Est-ce que c’est une réalité ?
François Zahoui : Non. On a énormément travaillé sur l’emblème de la Côte d’Ivoire : l’union, la discipline et le travail. L’union, ce ne sont pas des mots, c’est des comportements. A un moment j’ai vu une équipe très unie. Il fallait tout de même instaurer une discipline dans le travail. Des tensions je sais qu’il y en aura toujours, et ça fait parti de notre boulot d’entraineur de recadrer ça. Mais ce n’est pas aussi dramatique que ce que l’on entend.

RFI : Les problèmes politiques, les troubles en Côte d’Ivoire, est-ce que cela a rejailli sur la sélection ?
François Zahoui : On est conscient de l’importance du football en Afrique en général.

Pour nous, ce qui est important, c’est d’apporter du bonheur et de la joie aux gens à travers le sport. On sait que le football en Afrique, et c’est valable pour tous les pays, est un facteur déterminant dans la cohésion sociale. Et en Côte d’Ivoire, on a plus que besoin d’apporter de la joie, du bonheur aux gens. Je peux vous dire que les joueurs en sont conscients et moi aussi.

RFI : C’est donc en quelque sorte un symbole de réconciliation ?
François Zahoui : Oui bien sur. Le sport c’est le fairplay, c’est le bonheur. On en est conscient. On sait que c’est une goutte d’eau dans un océan, mais on veut quand même être cette goutte, parce qu’on sait que le sport apporte beaucoup de joie, d’émotions parfois positives, parfois négatives. On est vraiment déterminé à apporter cette joie aux Ivoiriens.

RFI : Didier Drogba, la star de votre équipe, a eu un début de saison compliqué avec Chelsea. Dans quel état de forme est-il ?
François Zahoui : Il est vraiment déterminé. C’est le capitaine de cette équipe. On sait que Didier est un joueur qui tire l’équipe vers le haut. On espère qu’il va marquer beaucoup de but. Mais même s’il est l’étoile de cette équipe, il y a également de très bons joueurs derrière lui qui sont prêts à aider l’équipe à gagner ce tournoi.

RFI : Justement, est-ce que vous avez dégagé une équipe type après la préparation ?
François Zahoui : Moi j‘ai toujours privilégié un groupe. Quand j’étais observateur ou encore joueur de l’équipe de Côte d’Ivoire, on a toujours fonctionné avec une équipe type. Une Coupe d’Afrique se joue en 6 matchs, pour ne pas dire 6 finales, on aura donc besoin des 23. Dans le passé, un joueur blessé ou un cadre blessé créait des situations d’instabilité dans l’équipe parce que le groupe n’était pas sur que l’on pouvait pallier ces absences. Mon travail a consisté à montrer qu’il y avait un groupe. Quand je suis arrivé, on a fait des matches sans Didier Drogba, sans Yaya Touré, sans Didier Zokora, sans Kolo Touré, sans le gardien. J’ai ratissé large justement pour démontrer que la Côte d’Ivoire regorgeait de talents et qu’il fallait unir ces talents au service de l’équipe, et que c’est le groupe qui peut nous emmener à la finale.

RFI : Et en cas de blessure de Drogba ou d’un cadre, vous pourrez pallier cette absence ?
François Zahoui : J’ai deux attaquants de niveau mondial. On sait que quand on voyage, il faut avoir des roues de secours en bon état pour aller le plus loin possible. On a un groupe intéressant et je suis fier d’entrainer comme ça avec des garçons qui sont à l’écoute et humbles. C’est important.

RFI : Et votre premier adversaire, le Soudan, c’est une équipe que vous craignez ?
François Zahoui : On les respecte parce que c’est une équipe qui a un autre type de football. Un football viril, ils ne lâchent pas le morceau. C’est une équipe très difficile à jouer parce qu’ils se regroupent bien, pressent bien, ils jouent bien en équipe. Souvent avec ces équipes-là, ça ne se joue à rien. Il ne faut pas sortir du match, rester bien concentrés.

Partager :