Durant le CHAN 2011 au Soudan, l’organisation n’est pas sans faille, loin de là. Plusieurs délégations se sont plaintes de manière récurrente du manque de personnalisme de la Confédération africaine de football (CAF) et du Comité local (LOC). A commencer par la Tunisie qui a fini première de son groupe à Port-Soudan mais qui a été rapatriée à Khartoum comme l’ensemble des quarts de finale du tournoi. Le résultat : une journée de transport éprouvante et un logement pas adapté. Le milieu de terrain Adel Chedli raconte : « Les conditions d’hébergement sur place étaient catastrophiques. C’était un manque de respect total. Heureusement, les gens de la Fédération ont été très forts et nous ont trouvé rapidement un bon lieu d’hébergement. »
C’est ainsi que les Aigles de Carthage prennent quartier au Coral, un hôtel de grand standing situé à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu. Une petite surprise les attend alors : l’équipe d’Algérie loge sur place depuis le début du CHAN 2011. » Les deux délégations s’amusent de la situation même si l’hypothèse d’un match entre les deux pays voisins n’est pas si loin. Et quand le sort place enfin Algériens et Tunisiens face à face sur le terrain, c’est d’abord autour d’une table qu’ils se retrouvent. « Diner ensemble, c’est amical, ça n’a rien à voir avec le match, lance Abdelhak Benchikha, le sélectionneur des Fennecs. Pourquoi ne pas casser ce tabou ? Pourquoi ne pas manger ensemble, discuter ensemble ? Pourquoi rester stressés la veille du match, donner l’impression qu’on va mourir ? Il faut laisser le football être un jeu ».
Pour les Tunisiens, ce match sera toutefois plus important compte tenu de la crise politique dans leurs pays. « Ok, c’est fraternel, mais chacun joue pour son pays, son drapeau et son peuple, souligne Adel Chedli. Vu ce qui se passe actuellement en Tunisie, on est surmotivés ».
Deux footballs qui se ressemblent
A Khartoum, deux footballs similaires vont s’affronter. « Nous les Maghrébins développons un jeu assez technique par rapport aux footballeurs d’Afrique noire qui jouent de manière plus directe », estime Chedli. Dans ces conditions, quels facteurs feront la différence ? « Les Algériens ont eu deux jours de récupération de plus que nous. Ça va donc se jouer sur la fraicheur ou des petits détails. » Point d’autant plus crucial que la partie se déroulera à 17 heures avec un thermostat autour des 40 degrés celsus.
Abdelhak Benchikha a aussi son idée sur la question : « Pour battre la Tunisie, il faut gagner les duels et insister sur le collectif. » Problème : sept de ses joueurs sont avertis et auront la tentation de se retenir pour ne pas être suspendus en finale. « Ils seraient égoïstes de faire ça, s’insurge Benchikha. Je vais inciter tout le monde à aller de l’avant, à gagner les duels, à se battre jusqu’à l’ultime minute. Et s’il le faut, il y aura d’autres joueurs en finale. Mais pourquoi ne pas jouer sans fautes ? »
Vu l’enjeu, il y aura tout de même beaucoup d’engagement. Adel Chedli confirme : « Moi, je veux remporter ce CHAN. Je ne suis pas là pour rigoler, même si les Algériens sont mes amis. Si mon frère est en face de moi, je lui marcherai quand même dessus pour gagner. » Puis le joueur de l’Etoile sportive du Sahel d’ajouter dans un sourire : « Même si j’ai du respect pour les Algériens et que ce seront nos frères. » L’ambiance n’est pas au règlement de compte à l’hôtel Coral. Mais sur la pelouse du Stade international de Khartoum, ce sera une autre histoire.
De notre envoyé spécial à Khartoum