Abdelhak Benchikha, comment se déroule la préparation de cette équipe d’Algérie ?
Elle ne date pas d’hier. Ça fait 15 mois que nous sommes ensembles avec les joueurs. Nous avons eu tous les moyens nécessaires pour préparer ce CHAN. On a effectué plusieurs stages et des matches internationaux. Le dernier, à Alger, a duré 15 jours et il a été ponctué de matches amicaux contre le Niger (4-1) et le Tchad (3-1). Ces rencontres ont permis des retouches tactiques.
Vous êtes donc satisfait de cette préparation ?
Oui, bien sûr, mais je sais aussi que la préparation et le jour « J », ce sont deux choses différentes. En 90 minutes, tout peut basculer dans un sens ou dans un autre, sur un rien. La préparation est juste un point de repère.
Le jour « J », c’est ce samedi 5 février face à l’Ouganda, en phase de poules. Que savez-vous de son équipe nationale ?
Nous les avons suivis au dernier tournoi du Nil où ils étaient finalistes (défaite 3-1 contre l’Egypte). Ça veut dire que cette équipe a du potentiel, de la qualité. Nous avons quelques informations à son sujet. Nous avons visionné un DVD pour décortiquer un peu leur jeu comme ça se fait désormais partout dans le monde. Mais ça reste superficiel. Je crois au jour « J ».
Pour son premier match de CAN 2010, l’Algérie avait joué et perdu 3-0 contre le Malawi en plein soleil. Contre l’Ouganda, vous jouerez encore l’après-midi (12h30 TU, 13h à Khartoum). Est-ce un handicap pour vos joueurs alors qu’il fait actuellement très froid à Alger ?
Nous espérons que ça va bien se passer. Les joueurs sont plein de bonne volonté. La chaleur fait partie des facteurs « extra » du football. Il faut faire avec, ne pas pleurnicher. Je suis quelqu’un qui va exclusivement de l’avant, qui doit booster son équipe. Celle-ci devra faire le jeu intelligemment, en courant le moins possible. Il faudra donc garder au maximum le ballon pour faire courir l’adversaire dans ces circonstances. […] Il faut jouer à l’Algérienne, aller vite, être percutants, donc ne pas trop conserver le ballon individuellement. Ce seront les clés du match face à l’Ouganda.
C’est une philosophie de jeu que vous comptez développer dans toutes les sélections ?
C’est une culture algérienne. Nous avons un peu changé notre manière de jouer du fait de la mondialisation du football. Mais il reste basé sur les petites passes, la technique, le beau geste. Il nous manquait la percussion dans les 30 mètres adverses. Nous travaillons cet aspect-là.
Il y a eu de fortes polémiques sur le contingent d’internationaux d’Algériens nés en France. Ceux présents au CHAN sont nés en Algérie…
C’est un faux débat. Les expatriés sont aussi nos enfants. Ils ont le droit de venir chez eux, de défendre les couleurs nationales. Nous, nous cherchons les meilleurs. Ça m’est égal qu’ils soient nés en Algérie ou à l’étranger. Ce qui compte, c’est d’être performant et disponible pour la sélection. Ces joueurs aiment leur pays.
Le développement du football algérien passe donc par celui du football local ?
Il passe par le projet de la Fédération algérienne qui veut professionnaliser le championnat. C’est un projet du Président, M. Raouaroua.
Dans la perspective d’un football performant en Algérie, le CHAN est-il important ?
Oui. C’est d’abord une revalorisation des joueurs locaux. C’est un vrai test international pour eux, pour prouver qu’ils peuvent évoluer au plus haut niveau. Beaucoup de recruteurs et de médias seront présents, ici, au Soudan.
Les recruteurs peuvent-ils perturber vos joueurs ?
Non, car en Algérie nous avons un cadre de vie et les joueurs sont bien payés. Ce sont des professionnels. Partir ailleurs serait mieux pour eux mais pendant le CHAN je suis là pour gérer tout ce « beau monde » justement. Que ce soit sur le plan tactique, technique et disciplinaire, je veille. Après le tournoi, ce sera une autre paire de manches…
Quel sera l’objectif de l’Algérie durant ce CHAN 2011 ?
Passer le premier tour puis on verra. L’appétit vient en mangeant. Je suis ambitieux mais pas prétentieux. Je ne me fixe pas de limite dans la gagne. Je transmets cet état d’esprit aux joueurs. Je veux toujours gagner et eux sont comme moi. Ça veut donc dire arriver en finale. Et lorsqu’on y est, c’est pour la remporter. Ça veut dire ce que ça veut dire…
Qui est donc le favori de ce CHAN 2011 ?
L’Algérie est favorite. Par prétention (il rit). Il y a la RD Congo, tenante du titre, avec onze joueurs de Mazembe. Il y a le pays organisateur, le Soudan. Et il y a l’Algérie aussi sinon on plie bagages.
Tous propos recueillis par notre envoyé spécial à Khartoum