Si la vengeance est un plat qui se mange froid, les Néerlandais Wesley Sneijder et Arjen Robben doivent être déjà repus. Finalistes de la dernière Ligue des champions disputée à Madrid avec respectivement l’Inter Milan et le Bayern Munich, les deux compères sous le maillot néerlandais ont déjà eu l’occasion de montrer à leur ancien employeur – le Real Madrid – combien il s’était trompé en les bradant 39 millions d’euros (24 pour Robben, 15 pour Sneijder) afin d’engager à leur place Kaka et Cristiano Ronaldo pour un montant près de quatre fois supérieur.
Le miracle Robben
Le Brésilien et le Portugais ont déjà quitté l’Afrique du Sud mais battre l’Espagne en finale de la Coupe du monde dimanche 11 juillet au Soccer City Stadium de Johannesburg serait, pour Robben et Sneijder, une occasion grandiose de corser un peu plus l’addition madrilène. Le joueur de l’Inter aura même l’opportunité, face à ses anciens coéquipiers Iker Casillas et Sergio Ramos, de devenir le premier footballeur dans l’histoire à réaliser le quadruplé championnat-coupe-Ligue des champions -Coupe du monde dans la même année.
Excellents avec leurs nouveaux clubs en Italie et en Allemagne tout au long de la saison, les deux hommes brillent à chacune de leurs sorties sur les terrains sud-africains. C’est presque un miracle pour Robben, victime d’une déchirure à la cuisse gauche à la fin de la dernière rencontre de préparation contre la Hongrie, le 5 juin dernier. En larmes, le joueur du Bayern a bien cru devoir déclarer forfait pour le Mondial mais le staff médical des Pays-Bas a tout mis en œuvre pour le remettre sur pied. Aligné lors des vingt dernières minutes du match contre le Cameroun, le troisième des Pays-Bas dans le groupe E , Robben a montré qu’il avait retrouvé ses jambes sur l’action fulgurante qui a amené le deuxième but hollandais face aux Lions Indomptables.
Depuis, Bert Van Marwijk l’a fait débuter dans toutes les rencontres et le gaucher aux dribbles déroutants et à la frappe dévastatrice a semé la panique sur son flanc droit avec notamment la splendide ouverture du score contre la Slovaquie en huitième de finale après une ouverture géniale de Sneijder. Puis le but du KO contre l’Uruguay en demi-finale, une tête précise au premier poteau qui a porté le score à 3-1 en faveur des Oranje. Contre le Brésil aussi, en quart, il a rendu folle la défense brésilienne, provoquant le coup franc de l’ouverture du score puis l’expulsion de Felipe Melo. Face au latéral gauche Joan Capdevila, le maillon faible de la défense espagnole, le joueur formé à Groningue et passé par Chelsea pourrait être l’homme de la finale, dimanche.
Sneijder au sommet
En cas de sacre, Wesley Sneijder peut viser plus haut encore au chapitre des récompenses individuelles. Meilleur buteur du Mondial pour l’instant, à égalité avec l’Espagnol David Villa (5 buts chacun), le stratège de poche des Néerlandais (1,70 m) peut également briguer le titre de meilleur joueur de la Coupe du monde. Sur ce qu’il a démontré depuis l’entame, ce serait mérité car il est non seulement le créateur et le finisseur de son équipe depuis quatre semaines mais aussi son leader naturel. C'est lui qui sonné la révolte quand le bateau tanguait contre le Brésil. Et c’est encore lui qui a remis l’équipe dans les bons rails en marquant le but du 2-1 contre l’Uruguay. Reste à gagner dimanche la bataille du milieu face à des espagnols supérieurement organisés dans ce domaine.
« Il faudra prendre bien soin de ne pas perdre le ballon dans ce secteur de jeu car face à l'Espagne ce pourrait être fatal. Mais en possession de balle, il faudra pourtant faire preuve d'audace et de courage » a-t-il confié à des journalistes néerlandais à Johannesburg. « Si on se crée des occasions de but, nous aurons de bonnes chances de l'emporter mais il ne faut pas leur laisser d'espaces, ni jouer trop haut. Ce serait une aubaine pour eux » a-t-il estimé. Déjà vainqueur du Barça en demi-finale de la Ligue des champions, Sneijder connaît le mode d'emploi. Le club catalan forme l'ossature de la Roja espagnole.